A paru au printemps chez Perrin un recueil de portraits d'éditeurs intitulé Les Hommes de l'ombre, par un historien, François Dosse.
Dans l'ombre, prétend-il, Françoise Verny, Maurice Nadeau, Jérôme Lindon, José Corti, Christian Bourgois, Claude Durand, Paul Flamand, Claude Gallimard, René
Julliard, Robert Laffont, François Maspero, et jusqu'à Jean-Jacques Pauvert le remuant personnage. Il a de l'estomac, François Dosse, qui a été clairement capable de rassembler les plus mis en lumière (1) des éditeurs. Une exception toutefois, évidemment (François est un malin) : Charles Orengo, le troublant créateur des éditions du Rocher. Et mettons un bémol pour Corti.
Pour le reste, admettez que voilà encore l'indice que nous appartenons à une époque où les mots ne valent plus, à moins qu'on puisse les coller comme un sticker sur du produit. Et si ce dernier perpétue un mythe à la trame grossière longuement tressée par les sujets mêmes, que ne s'en bat-on l’œil, pas vrai ? Restons dans l'apparence et le pré-mâché, c'est tellement plus vendeur.
Si François Dosse cherche (enfin) des femmes et hommes de l'ombre versés dans les métiers éditoriaux durant le siècle dernier, nous nous proposons pour lui en fournir quelque liste où figureraient Jean Vodaine, GLM, PAB (1), PAB (II), Robert Morel, Edmond Charlot, André Martel, Jean Le Mauve, Marcel Zerbib, et l'on en passe de très valeureux, et même de bien vivants qu'il pourrait interroger tout à loisir tels Edmond Thomas ou Christian Laucou, etc. Et quand j'y songe, il pourrait aussi interroger les mânes de l'imprimeur d'un fameux passage parisien fusillé par les Allemands pour avoir produit la plupart des journaux clandestins. On peut dire que c'est de l'ombre, ça, non ?
Allez, mesdames et messieurs les éditeurs, soyez décents, soignez un peu vos titres.
(1) Ici, on ne peut pas écrire "illuminés".