Décapage, par Émile Malespine

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Décapage

Tu t'abrutis
Tu restes le stylo aux aguets
devant ta feuille de papier blanc
in-quarto raisin vergé bouffant
Tu es vide,
tu ne trouveras donc pas la forte métaphore (1)
qui fore en séton la boîte craninnne
Gratte ta chevelure comme une allumette dans la nuit. Eblouis.
A quoi bon !
J'ai envie de partir à Honolulu.
pour faire l'amour avec une hawaienne myxoédémateuse.
Et pourtant !
Je suis las des fesses et de la littérature
Un rêve ne tient jamais dans le creux de la main
Plus rien ! Plus d'amour
Plus de peinture, plus de députés,
Plus d'armée, plus de frontières,
Surtout ça :
Les douaniers salissent mes chemises en cellular avec leurs doigts
ils font une croix sur a valise et dans mon coeur
Le gendarme consulte les fiches antropométiruqes (1)
et la conque de mon oreille
il fait le salut militaire au militaire qui m'exaspère
là devant A 23 aujourd'hui, c'est bas
Il faut changer de monnaie et de langue
Désagréable. N'êtes-vous pas de mon avis ?
Il n'y a rien de plus dangereux qu'un militaire
et qu'un homme convaincu.
J'écrirai mon poète plus tard.
Je. Ca suffit la signature.



(1) Sic (NdE).


Émile Malespine Mon âne a les quatre pieds blancs. — Lyon, Les Editions du Fleuve, 1926.
Illustration du billet : E. M., sans titre (1948).

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