Jean-Michel Robert et la modestie affamée

JMROBERTAP.jpg


Aussi loin qu'il nous en souvienne, les titres de Jean-Michel Robert nous ont toujours enchanté. C'était Le Démineur distrait (2005), Les Jupes noires éclaboussent (1991), Je ne serai jamais vieux (1997)... Le Préfet maritime l'avait rencontré dans l'entourage d'Yves Martin, l'ogre de la rue Marcadet. Ils appartenaient à la même bande - rien de très compact - de poètes aériens, certains mêmes nuageux. Des doux assurément, et des gars appréciables.
Lui, Robert, est né à Saint-Cloud en 1956. Il a été enseignant, a d'ailleurs publié des livres pédagogiques et puis beaucoup de poésie, et une poésie qui a eu l'heur de plaire puisque même Lény Escudero en a chanté, d'autres aussi comme Patrick Chesnais ou Josiane Stoléru et Anna Jouy, depuis qu'en 1982, Guy Chambelland a permis à son premier recueil de voir le jour. C'est là, sous cette marque, que cette informelle bande prenait ses racines. Il y avait Martin donc, Christian Bachelin, l'amoureux éperdu, Dominique Joubert, Jacques Kober (qui fut directeur des éditions de la galerie Maeght entre 1945 et 1950) et Jean-Michel Robert donc.
Un jour il eut même les suffrages de Michel Polac. On le comprend facilement en parcourant les trois livres édités ou repris par les éditions Gros Textes (références plus bas). Ils formulent tous trois l'étrangeté de l'existence tout autant que la douceur des choses qui, parfois compatissantes avec l'Homme, nous font l'amitié de ne pas être piquantes. Elles comprennent assurément le grand désarroi des bipèdes devant l'existence.
Ce qui fonde les poètes et les attache à leurs petits carnets pleins de grandes idées et, parfois, d'immenses envolées. Par les fenêtres, pour commencer.


(...)
J’imagine un enfant m’observant.
Il me demande quelle est ma maladie.
« La même que la tienne », dis-je.
Et j’ouvre les rideaux, pour lui montrer.


(...)
ça commence par trois papillons
parce qu'on dispose justement de trois pointes de seins.


Sortir
Bon, je sors les poubelles.
Je voudrais aussi sortir bien d'autres choses,
mais il n'y a pas assez de dehors.




Après la lecture, bien sûr, on ira cracher. Nos poumons peut-être, ou ce qu'il nous reste de vie pourtant bien accrochée.
Après ? Eh bien, après, tout simplement, "la modestie mangera ses enfants".



Jean-Michel Robert Après j'irai chanter. - Gros Textes, 2016, 10 €
- La meilleure cachette c'était nous. Choix de poèmes, 1982-1995. - Châteauroux-les-Alpes, Gros textes, 2012, 149 p. "L'espace d'un soupir" (n° 4)
- Zoopsies. - Gros Textes, 2007, 85 pages, 7 €

Ajouter un commentaire

Le code HTML est affiché comme du texte et les adresses web sont automatiquement transformées.

Haut de page