Galéjade à Saint-Gabriel

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Comme on pouvait s'y attendre, le nouvel Antoine Audouard apporte sa dose de fraîcheur bienvenue.
Il est du Sud, ce roman-ci, il est sympathique et un peu loufoque, il convient parfaitement à notre époque et sans pose ni chichi - pas de prétention à une pseudo-sociologie de bazar à la façon de nos granzoteurs -, avance à pas veloutés sur des terrains qui ne nous sont pas étrangers : non pas "la France éternelle" de Richard Millet, de Maurice Barrès ou d'Antoine Compagnon (et sous-sbires), mais celle dont nous connaissons tous les salles omnisports et les trottoirs trop étroits, les cafés qui sentent le jaune à vingt mètres, les vieux ronchons à pantalons trop larges et leurs mamies stockées dans d'impossibles robes à fleurs (aucun naturaliste n'en a jamais imaginé d'aussi exotiques). Je passe sur les toutous et les moteurs diesel, les boulangeries à baguettes industrielles et les magasins d'électro-ménager en zones péri-urbaines, j'ajoute seulement quelque édile à la mie de pain, des voyous façon "le Sud", un auteur de romans pornos et une jolie beurette, une amie d'enfance très ayurvédique et son père impossible, des escargots et un lama : vous avez les ingrédients d'une comédie susceptible de vous faire passer une excellent moment.
A sa façon, Audouard, qui nous fait donc son Raymond Depardon, rappelle à notre bon souvenir les plus "peuple" de notre littérature, les plus amateurs de "culs-terreux" et de quidams, les Fallet, les Navel, Les Calet, tous ces amateurs de la vie qui se trame dans la simplicité, et, souvent les difficultés les plus variées. On n'imagine pas... Ce qu'on n'imagine pas non plus, si l'on n'a pas lu déjà Antoine Audouard, c'est la façon dont il aborde lui-même la vie : en souriant. Attention : il ne joue pas à l'auteur souriant qui se presse le citron et tricote du stylo pour faire amusant. Non, il est souriant, doux et amusant, avec un engouement désarmant, une simplicité tutélaire et une authentique tendresse pour les personnages de son enfances et ces rues dont il tirait probablement les sonnettes...
Tandis que Céline Minard s'installe en ses quartiers hauts (bientôt sur l'Alamblog), Antoine Audouard visite le Paradis quartier bas et nous invite sans façon à ces scènes de la vie des femmes et des hommes de notre époque.



Antoine Audouard Paradis quartier bas. — Paris, Gallimard, 2016, 192 pages, 17,50 €

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