Pédalera-t-il ?

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Rétif à la bicyclette, contrairement à Jarry ou à Cingria, le grand Edmondo de Amicis s'ouvrit néanmoins d'une relative "tentation" qui lui faisait des fourmis, mais pas au point de passer à l'acte non plus.
Dans sa confession, on découvre les curieux arguments qui lui furent opposés pour qu'il enfourche enfin la trépidante :

C'est ainsi que commença pour moi la période des tentations secrètes. Elles furent accompagnées par d'autres, venues de l'extérieur, que m'offraient ceux qui font publicité de toutes les choses nouvelles. Comment ne pas se sentir tenté quand, sept fois par semaine au moins, on vous demande : "Pourquoi n'allez-vous pas - ou vas-tu pas - à bicyclette ?" Il y eut de braves gens qui me dirent les choses vraiment en face, comme s'il s'agissait de saveur mon âme, et qui me proposèrent un professeur, me promirent les secrets de l'apprentissage, m'offrent de m'accompagner dans les premières excursions. Je reçus aussi des lettres d'amis lointains, qui cherchaient à me pousser vers le cyclisme, leur passion souveraine, en quatre pages d'exhortations chaleureuses. Beaucoup usaient, pour me toucher au vif, de l'aiguillon de la critique littéraire. L'un d'eux m'écrivit : "Tu verrais combien cela pourrait améliorer ton style : "il y a, même dans tes meilleurs pages, certaines stagnations dans le flux du propos, et cela, à l'avenir, ne se produirait plus." Un autre m'écrivit : "Si vous pédaliez, votre esprit s'habituerait à embrasser une plus grande quantité de choses en même temps, vous seriez d'une concision plus synthétique dans l'expression de votre pensée..." Ces remarques, je l'avoue, me firent beaucoup réfléchir. (...)




Edmondo de Amicis La Tentation de la bicyclette. Préface d'Olivier Favier. — Paris, Les éditions du Sonneur, 48 pages, 5 €

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