Babel selon Bauman




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Zygmunt Bauman (1925-2017) fait partie des grands sociologues européens dont la position observatrice a toujours évité le dogmatisme ou la théorisation à outrance. Dans son ultime ouvrage publié en France après sa disparition, il engageait un dialogue avec le journaliste italien Ezio Mauro et faisait l'état des lieux au cours d'un dialogue, sans doute pas à bâtons rompus, mais un dialogue fluide, clair et intelligible, accessible à tous, élaboré, une sorte de testament si l'on peut dire, de cet esprit brillant et exigeant. Introduction parfaite à « La vie liquide », le grand-oeuvre du sociologue né à Poznan en 1925 et enseignant à l'université de Leeds, ce dialogue de Bauman et Mauro apporte encore des éclairages précis sur les inflexions de la démocratie, le travail et sa valeur, la position du citoyen devenu consommateur, la nature des réactions (individuelles et collectives) encore possibles, etc. Si Bauman ne cherche pas à dresser des barricades révolutionnaires ou à donner les clés d'une possible insurrection, comme certains charlatans hexagonaux, il faut insister sur le fait qu'il n'a jamais cherché à théoriser, à élaborer un système ou à jouer au gourou. Bauman décrit simplement les rouages de notre société et constate les changements avec celle d'il y a cinquante ans, et parfois moins.
Ethique, rôle des élites politiques, rôle de la technologie, marchandisation permanente de la vie, bulles d'auto-illusion, faussetés du langage et d'une "culture" de fabrication industrielle, etc. Finie la société démocratique composée de citoyens, bonjour le bétail consommateur vorace. La présidence Macron vient lui donner une confirmation nette. Bauman insiste sur la notion d'autonomie, on devrait y prendre garde...

A une époque tous les chemins menaient à Rome, maintenant ils mènent tous aux magasins.


A force d'obtenir des avis convergeant, on va bien finir par comprendre, non ?



Zygmunt Bauman et Ezio Mauro. Babel. Traduit de l'anglais et de l'italien par Béatrice Didiot. - Paris, Presses du CNRS, 192 pages, 20 €

Et, bien sûr, Zygmunt Bauman. La Vie liquide. Traduit de l'anglais et de l'italien par Béatrice Didiot. - Paris, Fayard, "Pluriel", 266 pages, 8 €
Topo de l'éditeur :

"La vie liquide est la vie prise dans le flux incessant de la mobilité et de la vitesse. Elle est le triomphe du consumérisme. Tout, y compris l’homme, devient objet de consommation, avec une date de péremption au-delà de laquelle il devient jetable. Analysant les changements qui affectent l’individu, les nouveaux modes de la célébrité, les transformations de la culture ou encore la promotion de la sécurité comme valeur, l’auteur décrit ainsi la société en voie de liquéfaction avancée et avance des pistes pour imaginer un avenir plus vivable. Ouvrage fondateur de la pensée de Zygmunt Bauman, La Vie liquide annonce les concepts qu’il déploie dans toute son œuvre et est considéré comme un livre majeur de la sociologie politique."

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