Transcription pour un massacre

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Grand oeuvre de Heimard Bäcker (1925-2003), Transcription est l'aboutissement d'une vie de réflexion et d'annotations. La question brûlait l'essayiste autrichien pour une bonne raison. Né en 1925, il appartenait à une génération qui s'est retrouvée engagée dans les jeunesses hitlériennes et qui a passé le reste de sa vie à se demander pourquoi elle a participé à cette horreur.
Bäcker, pour tenter de tracer une voie à sa compréhension, a retranscrit et réagencé des dizaines de documents de l'époque, documents de natures et d'origines diverses, tous disant d'une seule et même voix, au final, l'horreur de l'abattage sans nom. Listes entrecoupées de silences, fragments d'ordre, d'inventaires, de directives ou de complaintes, Transcription se présente sans commentaire. C'est un condensé très sonore des années noires vécues et revécues par Bâcker sur les traces du jeune Bäcker.
Le livre est saisissant, d'une poésie absolue qui mène à un trouble plus absolu encore.
Alors qu'ici (Marcel Cohen) ou là (Manganelli, Arno Schmidt), le monde se dit par bribes et par montages pour sonner plus haut et plus fort, il y a peu de chance que Transcription reste sans écho.
Comme l'écrit Friedrich Achleitner, on se demande bien ce qui peut être plus puissant et ravageur que ce livre. Sur notre île, on n'en connaît pas. L'os est à vif.



Heimard Bäcker Transcription, traduit de l'allemande par Eva Antonnikov. Suivi de Peut-on décrire l'indescriptible ? Tentative de postface à Transcription, par Friedrich Achleitner. - Genève, Editions Héros-limite, 410 pages, 26 €

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