Une perfide nécrologie

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Si l'on souhaitait illustrer la devise in cauda venenum, on pourrait se servir de cette nécrologie à double titre perfide.


M. Jules Vallès est mort le 14 février. Depuis plusieurs années déjà, il était atteint d'une affection diabétique qui, dans les derniers temps, avait pris un caractère tellement aigu que tout espoir de guérison était perdu. Depuis quinzaine jours, la phtisie fit son apparition et porta le dernier coup au malade. Jusqu'au dernier moment, Jules Vallès a conservé la plénitude de ses facultés, causant avec ses rédacteurs qui se relayaient au chevet de son lit, et leur donnant des instructions pour la marche de son journal. Il laisse quelques ouvrages inachevés, entre autre L'Insurgé, dont une partie a été publiée, soit dans la Nouvelle Revue, soit dans le Cri du Peuple, dont le nouveau directeur n'est pas encore désigné. C'est M. Hector Malot qui a été nommé par le défunt pour être son exécuteur testamentaire. Vallès avait la dent dure et la plume acerbe. C'était un écrivain de race, sans imagination aucune, mais d'un style remarquable, chaud, coloré, empoignant : à côté de son grand amour de l'argent, il professait une peur épouvantable de la mort. La mort l'effrayait : le courage physique passait pour lui faire absolument défaut. Ses obsèques ont été le théâtre de scèenes scandaleuses.
Nous publierons prochainement une étude complète sur Vallès et l'école littéraire à laquelle il appartient, et qu'il décrivit dans ses différents ouvrages.

Cape-Rouge



La Minerve (dir. Charles Buet), p. 180.


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