Rétrospective Louis Pons

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Brillante idée que d'accorder au dessinateur Louis Pons une monographie. On ne boudera jamais son plaisir concernant cet homme dont l'art curieux se reconnaît entre mille. Sous la plume de l'essayiste Frédéric Valabrègue, un être touchant et riche se dessine, tout à fait pour se laisser apprécier des littéraires, qui n'ont pu, du reste, ne pas voir ici ou là l'une de ses oeuvres.
Né à Marseille en 1927 dans le quartier populaire des Chartreux, grandi pendant la guerre, Pons reste "l'homme de l'alcôve et de l'ombre, jamais de la rue". Si ses noirs sont si prenants, ils n'ont guère empêché que son dessin tire d'eux une force vitale intense, une nervosité que peu de dessinateurs parviennent à atteindre.
Cette richesse, Valabrègue nous la met en scène à travers un chapitrage qui nous mène sans négliger les aspects biographiques essentiels de tas en caricatures, de parade en érotisme, et de claquage en "Drolatiques comédiens du dérisoire". Dans ce portrait par fragments, par facettes de l'oeuvre et de l'homme, on se régale en découvrant des phrases comme celle-ci :

C'est là que Pons a écouté Gérald Neveu.

N'est-ce pas appétissant ? Parce que dans le parcours de Pons, il y a Neveu et il y a Bousquet, et beaucoup de littérature en général, y compris ses propres livres, dont le premier, Le Dessin, a été édité par Robert Morel, une belle et bonne caution. On y trouvait l'artiste, comme le rappelle Valabrègue, qui se pourlèche en nous citant ses premiers aphorismes et pensées :

La même position pour dormir et pour dessiner, en chien de fusil. Repli foetal. La nuit sur le côté, le jour sur le cul, un cul de plomb malheureusement.

De deux choses l'une, ou vous connaissez l'oeuvre de Pons et il vous faut jeter un oeil sur son personnage d'artiste complet, ou bien vous ne connaissez que pouic de Louis Pons et il vous faut rattraper aussi rapidement que possible un léger retard. Songez, par exemple, que Gilbert Lascault en 1996, c'est dire...


PS : Nous apprenons au moment de mettre en ligne ce billet de la disparition toute récente de Louis Pons. Un billet sera publié prochainement.


Frédéric Valabrègue Le Trait, le taillis, les aguets. Louis Pons, le dessin de 1947 à 1970. — Strasbourg-Paris, L'Atelier contemporain-Galerie Béatrice Soulié, 2021, 144 pages, 25 € Parution le 21 janvier.



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