La Commune en 2021

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Quelle étrange idée d'organiser en ce cent cinquantième anniversaire de la Commune la réforme des droits des chômeurs... La programmation d'une nouvelle érosion des droits sociaux, organisée avec le concours de toute la haute fonction publique qui lamine aveuglément depuis des lustres les libertés et les possibilités économiques des classes avec lesquelles elles n'ont pas d'atomes crochus (1). On comprend mieux pourquoi l'hôtel de ville parisien brûla en 1871, pourquoi tomba la colonne "Vendôme". La Commune !
La Commune, ultime révolution, auprès de laquelle Mai 68 n'a été qu'une joyeuse sarabande organisée dans une société de la pléthore. La Commune, c'est, il faut s'en souvenir, au sein d'un monde de misère qu'elle naît, un monde que l'on côtoie désormais chaque jour un peu plus. D'où cet usage de moins en moins modéré de la force coercitive et du meurtre d'Etat sur citoyens pacifique. L'Etat n'a jamais été avare de duretés et d'actes infondés et illégaux, allant jusqu'à couleur des navires ou brûler des paillotes — l'ouverture, qui va sans doute se révéler bientôt limitée, des archives de la Guerre d'Algérie, va peut-être nous en apprendre à ce propos... Pour l'heure, et en ce qui concerne la Commune dont les faits sanglants sont connus de tous, deux livres importants ont paru. Ils sont de plus magnifiques, nous en parlerons dans les jours qui viennent : Il y a tout d'abord le formidable Mémorial du bagne calédonien calédonien (Editions Le Vent des îles), deux énormes volumes sous coffret publiés par Le Vent des îles à l'occasion de leur trentième anniversaire, et puis le recueil des Archives de Maxime Vuillaume par le collectionneur Jean Baronnet, au Cabinet Chapsal, la marque du libraire Nicolas Malais bien connu des lectrices et lecteurs de l'Alamblog.
Dans les deux cas, des ouvrages comme on les aime : riches, fouillés, précis, illustrés même, en particulier chez Louis-José Barbaçon, connaisseur extrême des choses du bagne et de ses traces. Des livres essentiels dont nous parlerons plusieurs fois car il n'est pas certain que vos libraires, aussi "bons" soient-ils, fasse l'article aussi intensivement que ces livres le méritent à coup sûr.


Louis-José Barbaçon Mémorial du bagne calédonien calédonien. Entre les chaînes et la terre. — Tahiti, Le Vent des îles, 2 volumes illustrés et réliés sous emboîtage, soit un total de 1096 pages, 86 €

Jean Baronnet Les Archives de Maxime Vuillaume. — Paris, Cabinet Chaptal, 449 pages, index, 35 €








(1) Et même de celles avec lesquelles elles en ont : on pense ici aux chercheurs de plus en plus précarisés et aux universitaires par exemple. Bref, des ravages de la sournoise idéologie dite "progressiste" et, selon elle-même, économiquement rationnelle. Répétons une bonne fois (encore) ce que tout le monde sait, sent, devine ou ressent : sont directement visés ceux qui ne peuvent pas se défendre. C'est une guerre sociale qui se mène, frontale, brutale, sans vergogne et en toute publicité. Et nous, complices ou témoins, en connaissons tous les responsables, branche par branche, sans que leur sentiment d'impunité ne soit jamais égratigné, non plus que leur arrogance imbécile et à courte vue... La dernière bataille en date est lancée sur les bases d'un constat terrible de haine sociale et de mépris : les chômeurs toucheraient trop d'argent... "sans compter les fraudeurs". Nous savons tous qui use depuis des décennies de tels arguments. Conséquemment, il est urgent de laminer ce qu'il reste à des individus tout à coup démunis de compte en banque, d'espoir, de liberté de mouvement. Et le sentiment — proprement délirant — d'agir pour le bien-être économique du pays autorise les chacals sans mandat électoral, c'est un point important car les élus sont leurs premiers complices, à détruire les niches de secours, les canots de sauvetage, les aires de repos temporaires. Comme ils ont détruit l'éducation, l'hôpital, les transports publics, les services forestiers récemment, les services sociaux et médicaux publics, l'université et la recherche, etc., ils lancent chaque jour des Titanic sociaux, sans vergogne, avec la certitude d'agir pour les "bien de tous", ces malfaisants.

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