Mes rapports avec le capitaine Eckardt étaient redevenus tels qu'autrefois. Il 'm'avait haï. Je ne pouvais l'ignorer, tout le temps que nous avions été devant Port-Mahé sur notre ancre pourrie et après, quelques jours encore, il m'avait plus ou moins boudé. Un matin il me mit la main sur l'épaule, sans un mot : c'était fini... Il faut dire qu'il avait toujours nourrir pour moi une secrète préférence. Sans doute parce qu'il me savait du même monde que lui ? Le fils de comptable de Rotterdam se découvrait de connivence sur bien des points avec ce matelot qui comme lui, enfant, avait d'abord navigué dans la grammaire et les détroits compliqués de l'histoire latine...
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Loys Masson Les Tortues. — Talence, L'Arbre vengeur, 2021, « L’Alambic », 306 pages, 17 €