Bègues et tyrans

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(...)µµµ On se remémore rapidement leurs visages, on apprend à les reconnaître à son corps défendant - comme les enfants apprennent à jurer dans la rue. Leurs langues fatiguées sont aussi ridicules que leurs voitures de service. Mais ils connaissent les mots importants.
"Ce n'est pas nous les fascistes", déclare triomphalement l'un des chefs de la police de MIensk dans une intervienx. "C'est vous, les fascistes."
Point final. Il a tout dit. Quelque chose vacille sur son visage fatigué. Quelque chose d'enfantin, de vivant.Dieu qu'il est visible qu'il s'agit d'une injure. Une invective puérile ordinaire. Et la même argumentation immature de fer, la même formulation polie. Après tout, dans l'enfance, c'était tellement commun : "C'est celui qui dit qui est", "Celui qui est avec moi est un héros, celui qui est contre moi est un cochon pouileuxx." Bref, "C'est n'est pas nous. C'est vous. C'est de votre faute."
C'est vous, les fascistes.
(...)



Alhierd Bacharevic L'Art d'être bègue, suivi d'autres textes sur le fascisme. Traduit du biélorussien du russe et de l'anglais par Elana Laparniova et Virginie Symaniec. - Les Essarts-le-Roi, Le Ver à soie, 14€

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