La rue s'animait. Sur le trottoir, quelqu'un heurta du pied un pavé, et lâcha un juron affreux. Puis, il y eut une suite de pas : un groupe, sans doute, des brodequins ferrés raclant le sol, lentement, lourds de la lassitude de toute une carrière ; des chaussures plus légères, aussi. Il y a eut encore le pas de course d'un retardataire : la cordée n'attend pas ; on descend à l'heure, ou on retourne chez soi... Vaguement inquiet - inquiet de tout et de rien - Mélaine consulta le réveille-matin, que Lydie avait descendu avec elle.
Du dehors, on secoua la clenche, calmement, ce qu'il fallait pour être entendu de la cuisine sans réveiller personne.
Sans un mot, faisant l'effort d'un impossible sourire, Mélaine, son baluchon sous le bras, suivit Fernand, se sachant parti pour suivre tous les Fernand du coron, tous ceux de la cité, tous ceux de la mine...
René Berteloot Mélaine. - Lyon, A.P.L.O. (Association pour la promotion de la littéature ouvrière), (c/o Nathalie Berteloot, 14bis, rue des Noyers, 69005 Lyon), pages 15 € + 6.50 de frais de port.