Pour Alice Rivaz, est écrivain celle ou celui qui ramasse.
« Celui qui écrit ramasse ce que les autres sèment, perdent, abandonnent en chemin. Dépistant les marques de leur passage, il poursuit sa curieuse chine, recueillant tout, du crottin des routes à l’eau salée des larmes et des sueurs. Sur ces tracés invisibles aux yeux des autres, où son instinct détecte l’aliment dont il a besoin pour nourrir sa fièvre, il peine et opère. De ces reste tombés de la vie d’autrui, il s’acharne à fabriquer d’étranges objets. On les nomme livres, récits, nouvelles, romans, pour simplifier. A leur tour nourriture pour tous, du moins il l’espère puisque se multipliant comme les poissons de Evangile par le travail des rotatives, mais aussi puits sans fond sur lesquels se pencher, regarder, jusqu’au vertige. »
Alice Rivaz De mémoire et d'oubli. - Lausanne, L'Aire-Rencontre, 1973 ; Vevey, L'Aire, Vevey, 1992 ; L'Aire bleue, Vevey 2007.