La forêt est un personnage

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En attendant de voir le film d'Abaturov, Paradis, sur les incendies qui ravagent la Iakhoutie (Sibérie), voici un extrait de Notre Père la forêt, le classique d'Anatoli Kim


Stépan descendait du poêle dans le noir, enfilait ses pieds dans ses caoutchours et se dirigeait à tâtons vers la porte : une obscurité totale régnait dans la cour, mais il a traversait d'un pas assuré pour aller boire au puits. Tout aurour, le Bois nocturne se dressait comme un mur, baigné d'un souffle froid, impassible, armé des milliers de regards des bêtes tapies dans ses fourrés, des oiseaux, des arbres, des sylvains taciturnes et des douces naïades sorties des eaux profondes pour se réchauffer et et planter timidement dans les vapeurs de brume. Nikolaï Nikolaevitch Tourae aussi sortait de la maison, en proie à l'insomnie, pour prendre de l'eau ; il la puisait dasn un seau en bois dont la chaîne s'enourlait aoutr d'un tambour à poulie, tandis que Stépan inclinait le chadouf et faisait douvement descendre la gaule, de bout à l'endroit même où se tenait son père ; mais les pieds largement écartés de Stépan, chaussés de caoutchoucs, ne touchaient pas les bottes de feutre souple de son père, la gaule ne heurtait pas la poulie, le seau de zinc cabossé ne cognait pas avec gracas contre le lourd seau de bois cerclé de fer, et l'eau chimiquement identique mais appartenant à deux époques différentse n'était pas réapandue en vaines éclaboussures. Au centre de la clairière se dreddait la masse ssombre de la maison seigneuriale dont les bords du toit éraflaient le bleuissement à peine perceptible du ciel nocturne, au même endroit la peite isba à la toirutre en pointe paraissait elle aussi massive dans l'obscurité, et l meme étoile étincelait audessus des deux maisons ; le père et le fils la regardaient, sans se vboir, séparés par ce vide singulier qu'on appelle le temps. Et le père n'avais pas encore atteinte la quarantaine en cette nuit d'insomnie où il contemplait tristement et rêveusement l'étoile, tandis que le fils qui la fixait aussi de ses yeux larmoyanst était un vieil homme de soixante-deux ans.
La noire Forêt de Metchtchera les entourait et aspirait doucement leurs vies pour les dissoudre dans l'humidité de son ventre (...)




Anatoli Kim Notre père la forêt, roman parabole traduit du russe par Christine Zeytounian-Beloüs. - Chambon, 2020, 398 pages.



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