L'anthropologue Marc Augé (1935-2023) avait donné à la collection de Maurice Olender un livre très personnel avec Casablanca ("La librairie du XXIe siècle", Le Seuil). Il y parlait de lui, de sa guerre d'Algérie, de sa mère trottinant à Paris, du Maghreb et de son rapport au cinéma.
Son livre, assez intemporel, se lit dans un souffle, sans que l'on s'en aperçoive, promené que l'on est d'une pensée originale à une réflexion creusée, et d'un souvenir à un détail. Son interrogation principale concerne le cinéma comme la couverture du livre a pu en laisser paraître l'indice :
Quel est le secret de sa force d'attraction ?
Ce secret, il faudrait le chercher, je crois, du côté de l'aptitude particulière du cinéma à figurer la solitude - figurer la solitude, c'est-à-dire, tout à la fois., lui donner un visage et la mettre en scène. Le cinéma est un art de la solitude, non parce que quelques-unes de ses oeuvres majeures on pour personnage principal un individu solitaire, mais parce que toutes ses ressources techniques concourent à "figurer la solitude".
Certaines personnes sont passionnantes, Marc Augé en était. Nous dira-t-il ce qu'il y a après que le générique de fin clôt Casablanca ?
Marc Augé Casablanca. — Paris, Arléa, 2023, 120 pages, 9 €