Moi, je dis : te souviens-tu de la plaine ? Herbes et broussailles, dingos et voleurs de grands chemins. La nuit amenait la peur et on barricadait la porte. Quelquefois, les femmes criaient pour un simple froissement du vent et ce n’était qu’un murmure qui entrait par le tuyau de la cheminée. Ma grand’mère nous racontait avec d’horribles détails des histoires de femmes égorgées. Mon grand’père voyageait en compagnie et s’il chevauchait ou marchait seul, il essayait à la nuit tombante de se trouver à proximité de quelque ferme.
Enrico Terracini Les Moutons couleur du ciel. Traduit de l'italien par Jeanne Terracini. - (Alger), Charlot, 1946.