Mariette Lydis (1926)

LydisA1926.jpg


Curieux homme, disait Paul Fort, à propos de Louis XI.
Curieuse femme, pourrait-on dire de Mme Mariette Lydis, dont les œuvres sont exposées à la Galerie Girard, rue Edouard-VII.
Sa mère est Viennoise. Son mari est Athénien. Elle habite en Italie. EIle expose à Paris,
Ses œuvres ne correspondent à aucune école. Elle ne s'inspire d'aucune époque. On pourrait dire qu'elle ne rappelle aucun maître.
Il semble que Baudelaire, Daumier, Carrière, Debussy furent ses inspirateurs artistiques. Mais il conviendrait d'y joindre Rops, les Quattrocentistes, les bons vieux enlumineurs des vieux manuscrits et les nègres de l'Afrique Centrale.
La diversité des œuvres de Mme Mariette Lydis est égale à leur originalité. II ne s'agit pas ici,d'une artiste qui a trouvé un procédé d'expression et qui l'applique. Chaque fois qu'un sujet l'a tentée, elle semble avoir créé un art nouveau pour en fixer la reproduction. Tantôt un de ses portraits semble peint en glacis aux larges touches, comme les latences de. Strasbourg. Tantôt, ses façons deviennent rudes. Voici des figures, d'une sécheresse austère, d'une vigueur espagnole, et dans les visages desquelles brillent d'énormes yeux. Tantôt, au contraire, l'artiste semble s'être servie de pinceaux délicats pour composer des miniatures aux détails exquisement tracés, telles que ces illustrations destinées aux contes d'Andersen, au Coran, aux Nouvelles asiatiques, de Gobineau ; à Goa le Simple, à En sabots, par Bâillon, ou au Nègre Léonard, de Mac Orlan.
Et voici une toile : Mon Oncle et ma Tante, qui semble du Lautrec. Et voici encore des poissons, des cierges et des perroquet traités à la façon d'un décorateur du dix-huitième siècle.


Mais ne croyez pas un moment que ces œuvres donnent l'impression d'une recherche mal fixée, d'une hésitation esthétique. La personnalité de Mme Mariette Lydis les marque fortement.
Et je ne saurais mieux conclure qu'en citant, le bel et courageux écrivain d'art qu'est Frantz Jourdain, qui juge Mme Mariette Lydis en ces termes à la fois élogieux et justes :
"Elle apporte une observation aiguë dans ses compositions et date chaque paysage, chaque être de son caractère propre. De là vient cette intelligence d'interprétation à laquelle elle parvient.
Venue à nous sans passé, sans diplômes, sans médailles, sans le mensonge niais des récompenses officielles, sans relations, sans appuis, elle s'est imposée à notre admiration, et nous saluons en elle l'Indépendance sans laquelle l'Art n'existe pas. »
Paul Reboux




Paris-Soir, 29 juin 1926.

Ajouter un commentaire

Le code HTML est affiché comme du texte et les adresses web sont automatiquement transformées.

Ajouter un rétrolien

URL de rétrolien : http://www.alamblog.com/index.php?trackback/5977

Haut de page