Georges Normandy (1926)

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Georges Normandy
J'imagine que, dans cinq ou six ans, il existera à Paris une sorte de parc anthropologique, une réserve analogue a celle ou l'on a parqué les Peaux-Rouges, aux Etats-Unis.
Dans cet établissement, que fréquenteront tous les étrangers installés dans notre capitale, on pourra voir, conservés comme des curiosités naturelles, les derniers vestiges de l'ancienne société parisienne.
Il sera défendu d'agacer les habitants de ce « Jardin des hommes », et de leur donner à manger. Au surplus, ils ne se montreront guère affamés, ayant pris de 1927 à 1930 l'habitude du jeûne. Je présume que, sur l'une des grilles, pendra une étiquette sur laquelle on pourra lire : Georges Normandy, homme de lettres.
Car, parmi les conjonctures où la plupart des confrères de Georges Normandy se seront voués au commerce, à l'industrie et aux finances, il aura conservé, lui, le goût de la Littérature et le dévouement à la Beauté.
Le mot de "polygraphe" donne un peu l'impression d'un terme péjoratif, quand on eu connaît mal le sens. Dites-vous bien pourtant que, pour traiter un très grand nombre de sujets, il faut avoir une imagination riche et souple, un savoir exerce, et cette qualité délicieuse : la curiosité.
Georges Normandy, qui débuta en collaborant à la plupart des grands quotidiens et des grands périodiques, a été par-dessus tout un homme curieux, curieux des idées, ainsi qu'il l'a montré dans ses pièces : Anarchistes, Les Vaincues: dans des romans tels que L'Echelle, La Faillite du Rêve, La Mortelle Impuissance ; dans des études biographiques : Ferrer, sa vie et son œuvre ; dans des monographies telles que Jean Lorrain, son enfance, sa vie. Il s'est montré aussi curieux des mœurs, dans des livres tels que Potins et Pantins de la Riviera ; dans des études esthétiques : Le Nu à l'Eglise, au Théâtre et dans la Rue, avec préface de Gustave Kahn ; dans des sélections de chroniques telles que Articles de Paris, Horizons de Province, avec préface de Jean Ajalbert. Mais il faut bien m'arrêter.
Georges Normandy. lui, ne s'arrête jamais. Avec une fécondité inlassable, il couvre de noir des feuilles blanches, persuadé que la plus belle conquête de l'homme de lettres est celle du lecteur. A cet égard, il compte déjà bien des victoires. Il est impossible de ne pas aimer, dans ses livres, ce qu'ils offrent de clarté, d'aisance, de documentation, de richesse psychologique et de qualité littéraire.
Paul Reboux

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