Le Préfet maritime a le plaisir de présenter le dossier qu'il a consacré, avec Sandrine Palussière, à Annie Le Brun, une personnalité cardinale de notre flottante époque.
Essayiste et poète, celle qui fut du surréalisme a déployé une œuvre d’une authentique radicalité. Spécialiste de Sade, de Roussel et de Jarry, elle critique ce « trop de réalité » qui nous asservit et nous ampute. La marchandisation accélérée qu’exige le système capitaliste attente à ce qui devrait nous constituer : notre sexualité, notre rapport à autrui ou aux œuvres d’art, notre aptitude au rêve. Et à la réflexion...
On se souvient que dans l'entretien qu'elle donnait à Jean-Luc Moreau (revue Roman), "Le Secret de Juliette", elle rétablissait, par exemple, la figure de la Juliette de Sade. Et ça n'est qu'un échantillon du rôle d'Annie Le Brun dans le concert des idées de notre époque.
Réhabiliter les passions, s’ouvrir à des formes de figuration permettant de penser ce qui menace toute pensée et de conjurer nos terreurs, tel est le programme qu’Annie Le Brun nous propose. Viennent de paraître un fort volume, L’Infini dans un contour (Bouquins), rassemblant ses principaux livres, ainsi que la réédition de son recueil Ombre pour ombre (Poésie/Gallimard).
Le Matricule des Anges (n° 250, février 2024).