François Salvaing commente aussi

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François Salvaing imagine (sans mal) un ex-journaliste de l'Humanité dimanche se prenant d'intérêt pour un ancien ministre d'Etat retiré des choux et de l'anis, installé à Neuilly. Il le visite tous les mercredis et tente de discerner la vérité de ce personnage omniprésent depuis la guerre en France, nimbé d'une histoire aussi voyoute que colorée, resté dans les mémoires pour des faits violents et des procès financiers... On a deviné, c'est Charles Pasqua le maudit.
On connaît le goût de Salvaing pour les choses de l'Etat, ou pour les sujets comme la violence politique, légitime ou non (1)... La fréquentation du suppôt du RPF, puis du RPR, fomenteur d'affaires peu claires et de bizarreries pas moins sombres finit cependant par l'intriguer (mais pourquoi donc s'est-il engagé de lui-même dans un projet dont il ne connais pas vraiment les contours ni les aboutissements...).

J'étais ferré, hélas. Envoûté, hypnotisé. A défaut de l'être par un projet clair, par sa cible. A la fois par les fore du personnage (force native et force acquise, force intime et forace conférée par les fantasmes d'autrui), et par la faiblesse dont les lois de la biologie les minaient et les ruineraient impitoyablement. Je mesurai chaque semaine un peu plus la richesse de sa trajectoire et de son expérience auprès de quoi, bien sûr, les miennes étaient dérisoires, la robustesse de ses convictions comparées auxquelles les miennes ne pouvaient apparaître que malingres et crevassées. Et, en même temps, la quizaine d'années que j'avais de moins que lui me conféraient sur l'ancien ministre un avantage indéniable, encore que je ne savais quoi en faire.

Une visite des soubassements du Gaullisme et de ses grandeurs. Soit une plongée sibylline mais efficace dans la réalité... dont nous tairons ici la conclusion fictionnelle. (Vous pouvez vous payer le livre, il n'est pas onéreux et ses bénéfices ne financent pas le parti de Ciotti.)
Les grands hommes ne sont plus ce qu'ils semblent avoir été. Ils ne l'ont du reste jamais été.


(1) On se souvient peut-être aussi du volume La Politique qu'il dirigeait pour la collection Les Français peints par eux-mêmes (La Découvertre, 2003), et de ses délectables volumes où l'art de la guerre rencontre l'art de la fiction... et du ratage.



François Salvaing La Vérité sur la mort de l'ancien ministre. - Saint-Etienne, Le Réalgar, 2023, 132 pages, 15 €

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