La chèvre a dévoré l'ours

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On a apprécié déjà des écrits de Violaine Bérot ("Comme des bêtes", par exemple, chez Buchet-Chastel) et voici qu'elle nous offre une nouvelle occasion de la lire dans volume collectif tripartite - qui inaugure la collection "Littératures" de la maison WildProject. Ce livre s'intitule Pastorales, puisqu'il y est question de troupeau et de pastoralisme, et son texte, lui, s'intitule "Pentes". Il est aussi simple que beau, et qui dit simple n'exluce pas profond, ou fort.
Nous donnons ici un court fragment du texte de V. Bérot et nous vous proposerons dans les jours qui viennent des fragments des deux auteurs écrits... A suivre donc.

Je suis en plein forêt, à la garde. Il y a des feuilles plein des arbres, et les chèvres sont gourmandes de feuilles. J'attrape dans mon sac à dos un stylo et du papier. Ce jour-là j'écris sur l'ours, sur ce traumatisme qu'est l'ours pour le berger et son troupeau. Une chèvre me regarde, l'ours est un sujet délicat, je fait semblant de ne pas la voir, j'essaie d'écrire au plus juste. La chèvre que je feins d'ignorer attrape ma feuille entre ses lèvres. J'ai beau tirer dessus pour la récupérer, elle ne lâche rin. Tout mon texte est englouti. La chèvre a dévoré l'ours.



Violaine Bérot "Pentes" in Pastorales. - Marseille, WildProject, "Littératures", 2024, 16 €



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