Sagesse d'Hector Talvart (III)


Proses sans titre

Le bon livre n’est pas celui qu’on voudrait avoir écrit, mais bien celui qu’on voudrait avoir vécu.

Une douleur sans cause a toujours sa cause dans l’absence d’une vraie douleur.

Il est sage de ne pas s’étonner de l’homme qui ne s’étonne de rien, car c’est un imbécile.

La flamme de l’amour ! la seule qui consume sans éclairer.

Si tous les sots étaient ignorants, il existerait autant de sots, mais cela se verrait beaucoup moins.

Ce qui nous rend si malfaisants envers nous-mêmes, ce qui tant nous déforme et nous amoindrit, c’est qu’en rejetant de propos délibéré les disciplines qui nous gênent, nous rejetons en même temps les tuteurs dont nous étions soutenus.

Quant tout le monde est vautré à plat ventre, ceux qui ne sont qu’accroupis, même pour la satisfaction d’un besoin innommable, ont l’air d’être des géants.

A tout homme il est toujours beaucoup plus facile de condamner que de juger, de juger que de comprendre et de comprendre que de compatir.

Flatter, c’est assez souvent mendier ce qu’on paraît donner.

“Je suis d’un parti, a dit Veuillot, je ne lui appartiens pas.” Je rectifie : Je suis d’un parti, je lui appartiens pour ce qui constitue l’objectif propre de ce parti, et nullement pour autre chose. C’est d’ailleurs la cause de la faiblesse et de la mort des partis, qu’ils voulussent dans leur boulimie qu’on leur appartînt tout entier, sans ces réserves qui, en justifiant la persistance de la liberté pour l’individu, attestent en même temps la force et l’importance du don de soi qu’il fait à une idée.

Il faudrait que les séducteurs fussent ordinairement plus modestes et se persuadassent que leur succès ne leur appartiennent qu’à moitié : ainsi on ne prend pas la femme d’autrui, mais la femme qui se détache d’autrui.

Ce n’est offenser ni le sentiment catholique ni le sentiment protestant que de dire qu’il y a une hypocrisie catholique et une hypocrisie protestante qui ne sont point pareilles : ce qui distingue en effet l’hypocrite catholique de l’hypocrite protestant, c’est que le catholique est hypocrite envers les autres, tandis que le protestant est hypocrite envers lui-même.

Les femmes nous font quelquefois des idées comme nous leurs faisons des enfants : sans le vouloir.

Il existe au moins trois sortes de jalousies : celle du coeur, celle des sens, celle de l’esprit et c’est une des performances de l’amour que de pouvoir ordinairement les réunir toutes trois en une seule.

Les Dits et contre-dits d’un homme d’aujourd’hui, n° 3, mai 1932. pp. 23-26.

Illustration : Erik Staal, Quien fue explorador.

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