Nous vous en parlions le 26 juillet dernier :
Noël arnaud est l’auteur d’une Anthologie du charabia dont Patrick Fréchet prépare actuellement l’édition.
Ce dernier nous informe — notez bien cette date — que France Culture proposera le 31 octobre prochain, à 21 heures, la conférence préambulique de Noël Arnaud, suivie d’extraits représentatifs de l’anthologie, lus par des comédiens.
On se réjouit, vous pensez, d’entendre si prochainement des jargons, des langues hybrides, telles que la macaronée, le pédantesque, des langues de convention comme le Mignard ou le muscadin, des glossolalies, des boniments, des entraves et bagatelles, et même des incohérences. Mais, au sujet de ces dernières, nous sommes beaucoup plus aguerris.
De la Passion de Semur, jusqu’à François Dufresne, Henri Chopin et autres fameux “poètes de la modernité”, en passant par Rabelais, Tabarin, Raymond Poisson, André Martel, Gil J. Wolman, Jean-Louis Brau et al., l’audition promet d’être constructive et hilarante.
Retenez votre soirée.
1 De julien doussinault -
A propos d’André Martel, je vais essayer de faire coïncider la diffusion de l’émission sur France Culture avec la mise en ligne de douze (oui, mais zoui !) lettres de l’auteur du « Paralloïdre » à son amie Hélène Bessette.
Mais déjà pour l’Alamblog et en exclusivité deux extraits de cette fabuleuse correspondance:
"Vincennes
26 juin 1957,
Chère Madame
Bessette,
Je comprends votre méprise. Vous êtes toute excusée puisque vous ne me connaissiez pas.
Si je vous ai écrit c’est parce que M. Queneau m’a remis vos œuvres qu’il estime beaucoup. Moi aussi d’ailleurs car je les ai lues. J’y ai trouvé un vif intérêt : elles entrent très bien dans le cadre de mes études.
(…)
Si je vous ai proposé le Flore ce n’est pas une indication sur mes goûts car je ne suis ni existentialiste, ni surréaliste, ni malrautiste, ni rien en iste. Je suis André Martel, c’est tout. Si mon Paralloïdre a fait quelque bruit ici, sans grande importance d’ailleurs, cela n’a pas été pour qu’on me remarque mais parce que c’était là ma manière de m’exprimer. Moi aussi j’ai été l’objet de plaisanteries, mais je trouve ça normal. Quand on heurte la routine des autres, on passe toujours pour un original fantaisiste : ce qui ne correspond à rien dans ma façon très régulière de vivre. Et puis le Flore c’est un café comme les autres ; je n’y ai jamais vu que des gens très bourgeois et parfaitement corrects. Tout cela c’est la légende. Un effet de mythe. J’y vais quelquefois parce que c’est central et j’y prends un café ou un demi. Je vous enverrais volontiers mon « Paralloïdre des Corfes », mais je n’en ai plus et c’est épuisé, car il y a 7 ans de cela bien qu’on en parle encore quelquefois dans la presse. »
« Ce venusdi quinzier du novembrrre cincantasète, aux Vinchênes en Panamie.
Chère Madamamie,
Dac porleu jovédivin tun au Spirt’prest’ en Bessétie.
Jasserai danla garavouz de l’arrive à l’oratrèze é cinque sila locomote ellapas dela retarde.
A bénéto.
Amicalement vostre
André Martel »
Où il sera aussi question du Musée des Beaux-Arts de la Ville de Paris, de la bouche du métro Alma, d’une lourde bague au doigt, d’un crocodile volant, d’une bombe atomique, de fous bien sûr, d’un « caminofer », d’un « florador »… et d’un acte manqué.
Très bientôt à l’adresse : www.lnbessette.fr
2 De Eric Dussert -
Un crocodile volant ! la saison est donc aux crocodiles ! Un grand merci pour ces extraits, Julien. Dans l'impatience de lire les autres !
3 De Guy Darol -
Et à propos d'Hélène Bessette (dont il y a mieux à lire semble-t-il que "Le bonheur de la nuit", roman qui ne justifie pas tout à fait la formule impérative de Marguerite Duras reprise en bandeau par Laureli/Léo Scheer), signalons l'article paru dans La Quinzaine Littéraire.