A l'instar de Céline Minard qui s'est attachée, avec La Manadologie (éditions MF), à métaphoriser les grands concepts scientifiques dans un roman de science-fiction, Jean-Luc Coudray, dessinateur et écrivain pince-sans-rire, a proposé avec Le Professeur Bouc, un exemple de ce que le paradoxe, la mauvaise humeur et l'ironie pouvaient accomplir dans le domaine de la recherche... Et on rigole, autant vous le dire, aux énoncés des thèses de Bouc, scientifique des plus mal embouchés, théoricien du contre-pied qu'on dirait issu des poches d'un Alphonse Allais d'aujourd'hui. Afin d'éclairer les lanternes, voici un échantillon de la "pensée Bouc" :
NOTES ASTRONOMIQUES
I. La relativité
La théorie de la relativité d'Einstein nous enseigne que lorsqu'un train roule dans la campagne, on peut affirmer tout aussi bien que le train est immobile et que c'est la campagne qui roule sous le train.
Ainsi, il suffit de monter dans un omnibus pour oblier un univers entier à se déplacer sans sommation, avec ses maisons, ses gens, ses étoiles, ses galaxies et ses autres véhicules.
Un individu peu réfléchi, lors d'une lubie stupide ou d'un pari lamentable, peut, en tirant le signal d'alarme, arrêter le mouvement de l'univers infini chargé de milliards d'objets tournants contenant des millions de mondes extraterrestres toujours ignorés jusqu'ici, ainsi que des quantités astronomiques de structures présentes, passées ou à venir, porteuses de mondes possibles, d'évolutions potentielles et d'espoirs formidables.
On comprend que tout abus soit puni.
Il est également aisé de comprendre pourquoi l'on attend la parution des Pensées truquées et d'un roman, Les Pulsions de M. André, deux livres annoncés à l'enseigne de l'Anabase, la maison qui avait donné, en 1995, la première prose remarquée de Coudray : La Famille immobile.
Jean-Luc COUDRAY Le Professeur Bouc. Théories d'un irascible. Talence, L'Arbre vengeur, 10 €