Michel Surya nous écrit (à propos de Bienvenu Merino, de Maurice Blanchard et des difficultés de respirer en Leoscheerie)

Le Préfet maritime a reçu avec beaucoup de surprise — touché pour parler droit — cette lettre que Michel Surya, biographe de Georges Bataille, essayiste, directeur depuis 1987 de la revue Lignes et des éditions subséquentes, a jugé bon de lui mettre à la poste :

Merci, cher Eric Dussert, pour Diarrhée au Mexique (1), que j’ai lu, qui est impossible, qui me touche, et qu’il faut féliciter l’éditeur d’avoir publié.
Merci aussi pour l’article sur Maurice Blanchard, qu’on ne peut pas écrire en effet, et que vous avez pourtant très bien écrit (2). Je suis, comme vous, l’un de ses lecteurs et admirateurs (il vient dans ma bibliothèque juste avant le prévisible et presque homonyme Maurice Blanchot).
Puis-je vous prier de saluer Bienvenu Merino pour moi. Je vous en saurais gré.
Lignes s’arrête, comme vous devez le savoir. Peut-être définitivement. Ainsi sont les choses.
Amicalement
Michel Surya
Le 13 XI 06

Et là, allongé sur la plage, le crâne protégé des horions du grand blond par un palmier au tango souple, nous nous prenons à songer…
N’est-il pas curieux, pour ne pas dire très curieux, voire interloquant, que ceux-là mêmes qui se sont répandus tout azimut à l’annonce de la disparition des éditions Al Dante, ne signalent pas sur le même ton éploré le péril de Lignes ?
Que penser de ce traitement deux poids deux mesures ?
En nos îles, nous nous perdons en supputations.
D’autant que Lignes manquerait vraiment au paysage éditorial.
Sans nous faire trop dillusions sur le pourquoi du comment de cette négligence de nos patentés signeurs de pétitions à répétition tout à coup bien taiseux.
Aussi l’Alamblog souhaite-t-il à Michel Surya et à son équipe de retrouver rapidement un hâvre accueillant et paisible.
Pour l’heure, et afin de ne pas vouer ces livres au placard de la diffusion du livre — qui s’y connaît bougrement en matière d’enfouissements anthumes —, signalons les récentes et remarquables publications des éditions Lignes :

Paule THEVENIN Antonin Artaud, fin de l’ère chrétienne. Préface de Michel Surya. — Paris, Lignes-Léo Scheer, 302 p., 19 €
“Georges Bataille a parlé un jour, après la guerre, tard en somme dans cette histoire, de la possibilité d’un “grand surréalisme”. Comme s’il regrettait que Breton n’eût pas pu incarner plus qu’un “petit” surréalisme” (extrait de la préface). Réunion des écrits de Paule Thévenin, l’éditrice d’Artaud, sur Antonin, le grand hérétique.

Georges BATAILLE Charlotte d’Ingerville, suivi de Sainte. Postface de Michel Surya. — Paris, Lignes-Léo Scheer, 80 p., 14 €
Deux érotiques qui dormaient jusqu’ici dans l’un des douze volumes des oeuvres complètes de Bataille.

“— Veux-tu faire ça ? me demandait Charlotte.
— Bien sûr”, répondais-je.

Donnons aussi cet extrait vidéo d’un fragment de lecture par Michel Surya d’Exit car il ne sera pas inutile de rappeler que Michel Surya est l’auteur de deux textes charnels, si ce n’est érotiques, de haute lignée qui méritent mieux qu’un succès d’estime. Ils nous ont enthousiasmé lorsqu’ils ont paru, enthousiasmants qu’ils sont, et ils nous ont troublé, troublants qu’ils sont.
Exit. — Paris, Séguier, 1988.
Les Noyés. — Paris, Séguier, 1988.
Tous deux repris en un volume (pour la faible somme de 10 €) chez Farrago/Léo Scheer en 2001 avec une préface de Bernard Noël.

Et maintenant, tous chez vos libraires, et que ça saute.

Nota bene Farrago donne de son côté Le Gros orteil de Bataille associé à Les Sorties du texte de Roland Barthes, propos sur le doigt de pied cité plus haut, le tout présenté par Jean-Pierre Cometti (69 p., 8 €).

Notes du Préfet maritime
(1) Bienvenu MERINO Diarrhée au Mexique, précédé de “Scandale du beatnik”, par votre serviteur — Villelongue d’Aude, L’Atelier du Gué, 2006, 64 p., 7 €, comme chacun sait.
(2) Votre serviteur rougissant, “Le Mur de la honte”, Le Matricule des Anges (n° 78, novembre-décembre 2006, p. 48), à propos de la réédition de “La Hauteur des murs” de Maurice Blanchard (Le Dilettante, 2006).

Ajouter un commentaire

Le code HTML est affiché comme du texte et les adresses web sont automatiquement transformées.

Haut de page