D’une narquoise légèreté, le polyvalent Grégoire Lacroix est de ceux qui soignent la vie, l’amour, la plate réalité, l’existence — et toutes ces choses qui nous embarrassent un jour ou l’autre —, à grands coups de sentences brutales, d’aphorismes contondants, de dictons ciselés à la japonaise, d’astuces poilantes et d’éclats de rire (cruel) subreptices.
Son recueil parut l’automne dernier et il ne nous vint entre les pattes que bien tardivement. Cela ne nous empêchera pas de vous en dire du bien et, évidemment, de citer quelques trouvailles de ce digne métaphysicien auquel l’Académie Alphonse Allais a rendu hommage en lui attribuant ses lauriers.
C’est bien fait, il les avait mérités.
Note du 6 février 2007 : des contestations s’élèvent quant à l’originalité de certains de ces aphorismes, voyez les commentaires.
Une croix vue de profil
perd beaucoup de son intérêt.Le besoin de musique,
c’est l’âme qui veut du son.Quand j’y pense, je suis effaré
par le nombre de gens
qui se passent de moi.Si jeune et déjà con !
Il a dû prendre des leçons.Le chagrin simulé des femmes
ce sont des larmes de
séduction passive.Chaque individu est unique et,
là-dessus, j’ai la prétention
d’être comme tout le monde.J’adore les gens qui ont le courage
de mes opinions.Le droit à l’expression
est à l’individu ce que
la braguette est à l’exhibitionniste.Il faut se laisser dépasser
par les événements,
ça permet de les voir de dos.
Grégoire LACROIX Les Euphorismes de Grégoire. Préface de Pierre Perret — Paris, Max Milo, 2006, 128 p. 12 €
1 De J.-J. M. -
Décidément, Lacroix, de face et de profil, est bien notre alter écho. Merci, E. D. !
2 De gécé -
toujours intéressant de voir qu'il y aura de plus en plus de place pour les plagiaires, les coucous, les pirates, les requins (liste à compléter)...
"Euphorismes" ? Merci Julien Torma qui publia Euphorismes en 1926 chez Gublin éditeur, ouvrage réédité en 1978 chez Paul Vermont. Et puis, c'est pas tout, ça continue avec de sacrés "emprunts" chez Jules Renard, Erik Satie, Jacques Sternberg, Coluche, Montaigne, Pierre Dac, etc etc etc.
Il est vrai que noyés dans 888 aphorismes, ces "emprunts" peuvent passer inaperçus.
3 De Eric Dussert -
Ah ! Ah ! Dites-nous en plus. Si je vois bien les "démarquations" de Satie, Renard et al., je me demande si le titre de pseudo-Torma n'est pas devenu une sorte de nom commun, public, ouvert à tous, non ? Cela ne pardonne pas les emprunts en revanche, et en effet. Cela soulève une tierce question : l'Académie Allais est à ce point liquide qu'elle ne s'est aperçue de rien ?
4 De gécé -
Alors, on veut en savoir un peu plus ?
Quelques exemples :
La serviette n'est jamais qu'un torchon qui a réussi.
Jacques Sternberg - in Les Pensées au Cherche midi éd., il y a plus de 25 ans et... Sternberg vient de mourir en 2006.
La serviette n'est jamais qu'un torchon qui a réussi.
Grégoire Lacroix - page 17 - N°53
Encore une autre?
Franchement, je suis capable du meilleur comme du pire, mais dans le pire, c'est moi le meilleur.
Coluche - in Les Pensées au Cherche midi il y a belle lurette
L'homme est capable du meilleur comme du pire, mais c'est vraiment dans le pire qu'il est le meilleur.
Grégoire Lacroix - page 53 - N°341
On continue???
5 De Eric Dussert -
Allez, on continue ! Les sources ! les sources !
6 De gécé -
Alons, cher Préfet, restons-en là pour l'instant ! Ne gaspillons pas notre énergie dans de laborieuses recherches sur les paternités littéraires ! Le chantier est trop vaste et les sables mouvants... Tout ceci n'est que broutilles mais ne doit pas endormir notre vigilance ou nous empêcher de rester lucides, bien au contraire.
En revanche, cher Préfet, je souhaite te faire part de mon "total respect pour le mégafouineur" qui nous régale avec ses lumineuses découvertes et ses lectures roboratives. Il est délicieux de penser que nous avons encore tant et tant de "choses" à découvrir que mille ans d'existence ne suffiraient pas à combler.
Courage à toi et voeux permanents.
7 De greg -
Bonjour Eric,
et merci de m'avoir fait une place sur un blog d'une telle qualité.
j'en profite pour répondre sans amertume à Gécé. Il m'accuse de plagiat alors qu'il trouve à travers deux ou trois exemples sur 888, des correspondances qui sont réelles mais résultent d'une certaine forme d'esprit face à des situations identiques. Quand j'ai écrit "la serviette etc..." je ne savait même pas qui était Sternberg quant aux facilités sur le meilleur et le pire je pense que si on cherche un peu on trouvera deux ou trois précédents avant Coluche.
J'ai découvert Julien Torma quand j'ai envoyé mon manuscrit à Thieri Foulc Grand Maître de la 'Pataphysique qui non seulement m'a donné son absolution mais a publié un bon nombre de mes textes dans les "Carnets du Collège de 'Pataphysique".
Pour conclure, mon manuscrit m'a valu des réactions écrites très favorables d'écrivains qui sont eux-mêmes des "puits" de citations tels que Jean Dutourd, Claude Gagnière,Jean d'Ormesson, Pierre Belfond etc... et aucun d'entre eux ne m'a fait la moindre remarque alors qu'ils sont très pointilleux sur le sujet.
M'avoir comparé à Satie, Dac, Montaigne ou renard est pour moi un fabuleux cadeau. Merci Gécé.
8 De Venvole -
Tiens, tiens!!!! on parle de plagiat….mais je vois que c’est Pierre Perret qui a écrit la préface de ce bouquin…!!!! Perret le grand plagiaire, le pilleur et mythomane qui s’est inventé de multiples rencontres avec l’ermite de Fontenay aux roses entre 1954 et 1956…!!!!
Bizarre…bizarre…..