L'encyclopédie de Peter Greenaway

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Les amateurs de curiosités et d’encyclopédies nous seront gré de leur faire part de cette parution :

LES HISTORIENS
Livre 39 : Grandeur & décadence du théâtre de gestes
par Peter Greenaway

Conçu et écrit par Peter Greenaway, “Les Historiens” est un projet de 100 livres à paraître sur 10 ans, une sorte d’abrégé encyclopédique qui examine dans le détail 100 ans de l’Histoire d’un vaste continent. Il se peut que des événements qui se sont déjà produits dans l’Histoire du monde au cours des cinq derniers millénaires puissent être perçus et reconnus, bien qu’en apparence déformés, ré-imaginés, regardés à travers un miroir, en fait entièrement revisités avec des issues différentes. Il se pourrait aussi que parmi les historiens eux-mêmes, nous soyons amenés à reconnaître un Carlo Ginzburg romancé, un Macaulay, un Carlyle, et un Gibbon ou un Raleigh, si ce n’est un Tacite ou un Tite-Live.

Le Livre 39 : Grandeur & Décadence du Théâtre de Gestes est le premier de la série des Historiens. Peter Greenaway y évoque l’histoire du langage silencieux qu’est le geste dans le théâtre, prétexte à la création d’un récit qui fait appel à la participation imaginative du lecteur en jouant sur la représentation muette du langage qu’est le texte en train de se lire. D’autres y verront la dimension critique et politique de l’uvre de Greenaway où se mêlent des fragments d’Histoire qui interrogent les frontières entre l’histoire et la fiction selon l’idée qu’« Il n’y a pas d’Histoire comme telle, seulement des historiens ».

« La Police Bleue des Modérateurs fut alertée à cause des tricornes de la compagnie et de la manie de se tâter le menton, des signes certains de dissension à leurs yeux. Dix agents de la Police Bleue firent mine de s’approcher de la scène tandis qu’une femme allaitait à son sein un vieillard vêtu comme un philosophe, mais ne s’étaient pas préparés aux péripéties du troisième acte quand le protagoniste appela un volontaire parmi le public à venir sur scène pisser dans un récipient en argent et se faire raser la barbe. Un volontaire se présenta dûment et, tandis qu’il fournissait l’urine, on lui coupa promptement le bras avec un couteau courbe, jetant le membre amputé dans la salle. Le public cria, hurla, beugla. La Police Bleue se précipita au milieu des spectateurs pour récupérer le b ras, mais on ne le trouva pas. L’acteur tenant le couteau courbe écopa de deux ans de prison et le théâtre fut fermé pendant une saison. On découvrit plus tard que l’amputé était un des employés du théâtre. Le bras coupé fut finalement découvert, couvert de mouches. Bien que ces faits fussent gardés secrets bien après le procès du directeur du théâtre, il s’avéra que le bras était en cire et avait été enduit de miel. Il fut aussi rapporté plus tard que le lait provenait d’une vache et que l’urine était du vin blanc très sec. Les deux furent bus ensemble pour célébrer une supercherie réussie.».



Peter GREENAWAY Grandeur & Décadence du Théâtre de Gestes (Les Historiens, livre 39). - Paris, Editions Dis voir, 2007, 96 p., 165/215 mm, 20 euros (isbn : 9782914563291).

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