L'art de voir les choses (John Burroughs traduit par Joël Cornuault)

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Nous avons déjà parlé ici de Joël Cornuault et l'occasion nous est donnée de nous répéter — ceux qui nous connaissent savent combien nous faisons bien ça, nous répéter... Nous avions dû dire, puisque nous sommes de l'engeance radoteuse, que Joël Cornuault, libraire, traducteur et chroniqueur indépendant, travaillait en douceur, en finesse avec un art consommé de la chose littéraire. Sa traduction des pages choisies du naturaliste américain John Burroughs (1837-1921), agreste promeneur, réunies sous le titre de L'Art de voir les choses en est une nouvelle démonstration.
Les lecteurs d'Henry David Thoreau et de John Muir y trouveront un complice. Quelques lignes sur la pomme ou sur le diable (qui jamais ne trompera un vrai marcheur), suffisent à convaincre que John Burroughs n'étaient pas seulement un naturaliste : cet homme était un philosophe, un sage, un brillant observateur de la nature, un expert ès matières de l'art de vivre dont la lecture est un bonheur. Lire Burroughs c'est en quelque sorte retrouver la paix.

Le vrai mangeur de pommes est le jeune garçon, et l'on ne doit pas lui poser de questions sur la façon dont il en a bourré ses poches. Elles sont à lui, et il pourrait devenir un voleur si c'était le seul moyen de s'en procurer. Sa propre chair fondante réclame la chair fondante du fruit. Sève pour sève. Qu'il ait faim ou pas, qu'il ait mangé de la viande ou non, il lui faut sa pomme. Avant ou après le repas, elle ne tombe jamais à propos. Le garçon de ferme mâchonne des pommes toute la journée. Il fait de fréquentes visites dans la grange où, cachées dans la paille, elles mûrissent. Parfois, les ayant reniflées par la porte restée ouverte, le vieux Brindle leur fait un sort.



John BURROUGHS L'Art de voir les choses. Pages choisies et traduites par Joël Cornuault. — Gardonne, Fédérop, 2007, 135 p. 14 euros.

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