On vous l’avait laissé deviné, Marc Stéphane (1870-1944), le Marc Stéphane dont le nom ne vous est plus inconnu, celui qui fit tabac avec Ceux du trimard, qui inventa les “propos subversifs” où il donnait quelques joviaux coups de pattes (dont vous avez eu un rappel il y a peu ici même), ce Marc Stéphane-là est à nouveau disponible sur les tables des libraires de France.
Il y a quelques mois, nous vous signalions déjà la réédition de Ma dernière relève au bois des Caures, souvenirs de Verdun du troufion quadragénaire, engagé volontaire Stéphane, philosophe en diable, lucide quant aux incompétences hiérarchies et au gâchis généralisé.
Près de vingt ans avant 1914, tout fringuant jeune homme aux velléités d’arrivage (si l’on en croit son rarissime L’Arriviste où il semble conter quelques tentatives avortées de réussir ès-lettres), il avait probablement abusé de fleurs exotiques ou de liqueurs aberrantes au point de devoir, cet excité, passer quelque temps à l’ombre de Sainte-Anne, le fameux hôpital psychiatrique parisien.
La Cité des fous est le témoignage documentaire qu’il en tira, admirablement. Ceux qui ont apprécié La Grande Vie de Jean-Pierre Martinet y retrouveront quelque chose. De l’âpreté, de la vie, des chocs, de l’humanité désarmée…
La Cité des fous est assurément un grand livre, digne de réjouir les amateurs de forte littérature, et, sans doute, les partisans de l’antipsychiatrie, comme il avait séduit Léon Bloy, ami rétif et broussailleux de Stéphane :
Marc Stéphane, l’ami d’il y a dix ans, m’a envoyé un livre : La Cité des fous, souvenir de son séjour à Sainte-Anne. Je m’attendais à un livre complètement détraqué. C’est, au contraire, un livre très raisonnable.
Léon Bloy, L’Invendable (27 avril 1905).
Notez encore, chères et chers nautes, que cet opus, qui sera bientôt suivi de Un drame affreux chez les “tranquilles” (même éditeur, même collection, mars 2008), est jubilatoirement illustré par Alain Verdier, à qui nous tirons ici un vigoureux chapeau. Sa couverture et ses culs-de-lampe nous enchantent.
Marc STEPHANE La Cité des fous. Préface de votre serviteur. — L’Arbre vengeur, 2008, coll. “L’Alambic”, 255 p., 14 euros.
1 De svno -
Si la couverture attire notre attention, le texte qu'il renferme la capte dès les premières pages. C'est pourquoi je ne félicite pas le préfet maritime qui, m'incitant à l'achat de l'ouvrage, me soustrait à mes obligations quotidiennes sans qu'il n'y ait plus moyen de lâcher ce Marc Stephane dont la découverte ne cesse de m'enchanter. Lecteurs avisés méfiez-vous, ce livre là est dangereux !
2 De Duverne -
Le calot du bonhomme ne présageait rien de bon et pourtant le bonhomme est énorme : lu une page chez mon libraire et pas moyen d'arrêter, et le libraire de me dire qu'un autre Marc Stéphane affreux est annoncé. Gare à l'épidémie car l'écrivain est grand et son oubli scandaleux. Merci Préfet.
3 De L'GAB -
C'EST RICTUS,QU'ETAIT D'BOULOGNE SUR MER, C'EST P'TIT POTE DES PARISIENS,MAIS OU QU'ON PEUT SAVOIR UN PEU PLUS SUR CE MONSTRE DE MARC STEPHANE? L'GAB
4 De Le Préfet maritime -
La préface et la bibliographie de La Cité des fous devraient vous satisfaire... Pour commencer s'entend.