Rions un peu : Isidore Isou

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Parce qu'on s'ennuie un peu, à cette heure où les baleines à bosses s'éloignent du rivage, il nous est revenu que nous avions noté pour la bonne bouche quelques "pensées" broussailleuses d'Isidore Isou afin de vous en divertir un jour.
Ce jour est venu.

Où l'on voit que l'oiseau avait réussi la délicate synthèse de Homais, de Bouvard, de Pécuchet et de San Antonio. Et nous nous garderons bien d'évoquer sa jeunesse roumaine.

Florilège à méditer

« Je préfère les femmes qui me donnent de l'argent sans faire l'amour avec moi aux femmes qui font l'amour avec moi sans me donner un sou. »


« Je préfère mon nouveau dégoût à l'ancien goût dégoûtant. »


« Je crois que de moi on a déjà dit tout le mal qu'on puisse dire. Ce qui me semble original et rare reste le bien qu'on puisse découvrir dans mes actions. »


« Chaque victoire de la jeunesse a été une victoire contre les mots. »



On a rarement croisé, je crois, d'auteur aussi doué dans l'enfilage d'inepties, de mufleries vaniteuses et de bêtises petit-bourgeois.
C'est sans doute là ce qui fera entrer l'Isou dans les dictionnaires. Et probablement sous cette forme :

"Isou, n. m., de Isidore Isou, personnage grotesque de la seconde moitié du XXe s. Pl. Isoux : 1. Pensée idiote qui revêt une apparence d'intelligence. "Cesse de me seriner avec tes isoux" (Ph. Sollers), "Le ministre débitait l'isou avec une aisance confondante, mais sans s'en apercevoir" (M. Weitzmann). 2. Usage vain de mots. "Je n'ai rien compris à son isou." (A. Volodine). Syn. Bla-bla. 3. Système de langage justifiant une vérité temporelle voire travestie utilisé à des fins mercatique, politique, mondaine : "En l'occurence, le discours de Carrefour et des industriels des secteurs de la santé et de l'électronique était basé sur l'angoisse, l'affect, la peur de la mort, auquel remédierait la pulsion d'achat, donc sur l'isou du moment." (A. Mangematin). Syn. Topoï.


Trève de plaisanterie. N'oublions cependant pas ce dernier point - Et c'est beaucoup moins drôle : Contrairement à de nombreux créateurs, Isou Ier eut droit à une nécrologie dans Le Monde (signée Jean-Luc Douin, 2 août 2007), preuve que d'aucuns le prenaient au sérieux. Sans doute les mêmes qui ont cru à la pensée politique selon Sartre, à l'esthétique selon Malraux et, plus récemment, à la "philosophie" selon l'isou du gars Kacem.
Ca fout les jetons.

L'Alamblog recommande tout particulièrement aux amateurs les opus isoldiens suivants : Isou ou la Mécanique des Femmes (Escaliers de Lausanne, 1949), Lettre à Franc-Tireur sur le procès de la «Mécanique» (1951), Défense de la Mécanique des Femmes (UR n° 2, 1952). Mais les autres sont aussi croquignolets (*).

(*) Il convient de respecter scrupuleusement une posologie maximale. On a connu des cas de méningite chez des individus allant jusqu'au bout d'une plaquette isoldienne. Consultez votre médecin traitant.

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