De la patation selon Christian Garcin

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On avait lu naguère et quelque part cet Art de la natation subaquatique que Christian Garcin a republié il y a quelques mois aux éditions Marguerite Waknine. L’allocution savante d’un spécialiste de la natation et fin connaisseur de ses héros humides. Le texte court nous avait ramené d’emblée à Jean-Pierre Brisset et à ses grenouilleries, évidemment.
Dans un premier temps car très vite une sensation diffuse à la lecture s’était étendue comme tache d’encre sur un buvard… Ce sont les citations - choisies avec goût pour leur caractère emblématiques - qui nous avaient mis la puce à l’oreille. Mûs par une intuition toute maritime, déjà, nous les avions reprises une à une en remplaçant “nage” par “page”.
Miracle : c’était donc ça !

“Le monde se compose de tessons qui s’éparpillent, c’est un obscur chaos incohérent que seule la nage peut maintenir.”

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“Le monde se compose de tessons qui s’éparpillent, c’est un obscur chaos incohérent que seule la page peut maintenir.”

On y voit clair, et sans risque de se brûler les yeux au chlore.
Restent alors le jeu de devinettes (rétablir les citations, exactes ou non, dans la bouche du bon grand pageur) et l’amusement de Christian Garcin qui souligne ici ou là la profondeur des pageurs, leur excellence si spécialisée qu’elle en devient maniérée sinon abstruse.
Désormais, le pageur peut donc être “saisi en un instantané, suspendu dans les airs (…), parfaitement cambré après qu’il a quitté son tremplin pour des raisons dont nous ne savons rien, et plongeant vers des profondeurs dont nous ignorons tout.”
La patation est un art, on ne peut plus l’ignorer.


Christian Garcin L’Art de la natation subaquatique. — Angoulême, Editions Marguerite Waknine, 16 pages, catalogue, sous emboîtage plastique, 6 euros.

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