Prémices de Louis-Ferdinand Céline

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Les Lettres de Céline à Joseph Garcin avaient paru quelques années en 19!è, après avoir été révélées en 1979. Elles reparaissent dans la nouvelle collection “Céline & Co”, dirigée par Emile Brami, et c’est une très bonne chose.
La correspondance en question démarre en 1928 — Céline va mettre en oeuvre la rédaction de “Voyage au bout de la nuit”, lorsque son correspondant — alors installé à Londres, Joseph Garcin est un actif, proche de la pègre, aux velléités politiques bientôt déçues, un homme d’affaires louche — devient son informateur sur les bas-fonds de Londres, et s’achève en 1938 au moment où l’actualité diplomatique européenne devient la poudrière que l’on sait.
Il s’agit de vingt-huit lettres précieuses en ce qu’elles éclairent nettement la genèse de l’oeuvre de Céline. Autant la matière — ou la quête de sa matière par l’écrivain — que la voix de Céline sont là incroyablement présents. C’est du Céline natif, brut, sans fard, Destouches déjà Céline jusqu’aux ongles sentant venir la catastrophe, jouant sciemment le jeu de la bête de foire, sans illusion, dès 1933 :

Ici les ennuis s’atténuent, mais quelle sotte et pénible fin d’hiver — je suis voué aux catastrophes, matérielles et ordinaires. Enfin le monstre poursuit sa course de façon tout à fait inattendue. La critique déconne, je suis le phénomène et il s’agit de faire le pitre, c’est dans mes cordes vous le savez. Je vais les régaler, bientôt ils danseront la danse du scalp autour de mon poteau. Mentir, raconter n’importe quoi, tout est là Garcin. Il faut donner aux gens ce qu’ils attendent, la vérité n’est plus d’époque — l’essentiel pour moi, cette petite indépendance très laborieusement acquise. Le reste est aux camelots.




Louis-Ferdinand Céline Lettre à Joseph Garcin, présentées par Pierre Laîné. — Paris, Ecriture, 2009, 144 pages, 15, 95 euros.

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