Le Dernier cinéma muet (1935)

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Billet spécial pour Didier Blonde...



Le Dernier Cinéma Muet

Il parait que c'est s'opposer au progrès que regretter le bon vieux temps du cinéma muet. Le temps où on pouvait entrer au hasard dans n'importe quelle salle sans se lamenter préalablement dans le labyrinthe de la Semaine à Paris. Eh bien ! moi qui ne passe ni pour conservateur ni pour retardataire, je ne sais pas si je suis le seul, mais en 1935 je m'ennuie au cinéma 90 fois sur 100. il ne s'agit nullement d'incriminer un progrès technique, parole, couleurs ou relief, mais il est bien permis de constater que le cinéma devient, passez-moi le mot, de plus en plus dégueulasse. Dans celle époque de police, d'hypocrisie, d'épuration de Paris, de chômage inavoué, de patriotisme et de bassesse généralisée, il est probable que ça ne fera que s'accentuer.

Il y a pourtant encore une salle dans Paris où j'éprouve la rassurante impression de n'être pas tout bonnement devenu grincheux en vieillissant. Avenue des Gobelins, au Cinéma Parisien, un des derniers, sinon le dernier cinéma muet de Paris, pour deux ou trois francs on est mal assis, mais on est sûr de voir chaque semaine deux comiques d'il y a dix ans et quelquefois un « Western ». Le grand film est généralement un des pires qu'aient produit les cinémas allemand, français et italien. Mais quand M. Henri Bauduin, Mme France Dhélia, M. Harry Liedke apparaissent, vous n'avez qu'à sortir prendre l'air, vous en avez déjà eu pour voire argent avec Picrall Beaucitron, Malec, Dudule, Billy West, Ben Turpin ou Monty Banks. Ne me remerciez pas du renseignement : j'espère bien, après cet article, obtenir les places à l'oeil.

Jacques Brune




La bête noire, n° 6, 1er novembre 1935, p. 6.

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