Iliazd et l'Imprimerie Union

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Superbe et roborative 7e livraison de l'Iliazd-Club, la revue des amis d'Iliazd, éditée par Clémence Hiver, et dont la collection complète vaudra un jour une somme rondelette. Au sommaire de ce numéro, une enquête épatante d'un jeune chercheur, Antoine Perriol, sur les rapports de l'Imprimerie Union et du poète-artiste, un article sur Iliazd et l'émigration russe en France, par Régis Gayraud et, du même, la traduction de la conférence de 1922, L'Iliazde, où Ilja Zdanevitch (1894-1975) revêtit son pseudonyme.
Autant vous dire tout de suite que le travail d'Antoine Perriol n'a pas peu fait pour la cause des lettres : outre qu'il a permis d'identifier une réalisation oubliée d'Iliazd, Argentina (1956) consacrée à la danseuse La Argentina, il offre un vrai large panorama sur l'activité de cette entreprise, fondée en 1909 par deux typographes de l'entourage de Lénine en exil, sous le nom de Kooperativnaïa tipogradia soïouz, marque francisée en Imprimerie Union, qui allaient travailler pour Jacques Povolozky, Marcel Duchamp, Apollinaire et Les Soirées de Paris.
C'est à partir de 1913 que l'imprimerie diversifia son activité sous l'influence de Roch Grey et de Serge Férat, ainsi que d'Apollinaire qui y fit imprimer ses premiers calligrammes. Un peu plus tard ce sont les revues et les éditeurs les plus intéressants qui confient leurs travaux : Les Arts à Paris, Action, Oudar, Le Bulletin de l'Effort moderne, Les Cahiers d'art, La Révolution surréaliste, Minotaure, et plus récemment L'Art Brut ou Argile, le Cercle d'art, Skira, Maeght, le Club français du livre, etc.
Les rapports d'Iliazd et de l'imprimerie Union entre 1921 et 1975 composent naturellement le gros morceau du numéro. Avant que ce jeune chercheur se lance dans l'exploration des archives de cette imprimerie très liée, jusqu'à la seconde guerre mondiale, avec l'émigration russe et durant cinquante-deux ans avec l'artiste et poète qui composa moult affiches, placard, catalogues d'exposition, bons de souscription, carton de vernissages, etc. - quelques-uns de ces documents sont reproduits ici en couleur.
La prime au lecteur débute page 57 : il s'agit de la correspondance en vers d'Iliazd avec Dimitri Snégaroff, l'un des patrons historiques de la maison Union. Un échantillon ?

Élève des muses, je te salue, Dimitri,
Depuis ce trou perdu
Où l'automne dans sa mitre féconde
Apporte ses présents mûris,
Dans ses filets des pêches miraculeuses,
Et du vent libre. Les pêcheurs,
Conversant sur la berge,
Préparent les bons appâts,
Courent sur les plages de bon matin
Et se noient dans la mer en passant.
Je leur fais mes adieux. J'attends le retour
Du peuple pêcheur exalté par les vagues.
Les forêts, lasses de leur dorure
Envoient dans le dos des pêcheurs
Des brouillards Infatigables.
Et tombe la quatre-centième
Pages de mon roman.
(...)




Iliazd Club (n° 7)
24, rue de Vintimille, 75009 Paris)
224 pages et 28 pages quadri.
iliazd-club@orange.fr

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