XII
Désespoir
II fallait l'hyménée... car l'hyménée efface tout. Pohol se rendit chez l'oncle de Marie ; ce pauvre homme qui avait passé une si lamentable nuit, et à qui Marie avait menti en rentrant; il le fallait.
L'oncle ne dit pas non; il demanda seulement quelques jours pour s'informer; c'était juste.
Il fut s'informer au séminaire.
Les quelques jours écoulés, Marie interrogea son oncle. Celui-ci, pour toute réponse, lui remit une lettre ouverte. Après l'avoir lue elle sortit sans bruit; c'était le soir.
Quelques instants plus tard vint le damné, avec de l'espérance dans le coeur, du bonheur dans l'avenir à le rendre fou, à tuer sa noire idée.
« Eh bien ? » fit-il d'une voix frémissante d'espoir.
« Jamais ! » fut-il répondu.
Oh! la rage le prit et le roula par terre avec un râle effrayant... il embrassa les genoux de l'oncle d'une force à lui faire mal... il conjura, pleura, pria... menaça !...
L'oncle appela ses gens.
Pohol se leva droit alors et cria : Il me la faut ! il s'élança dans l'escalier, parcourut la maison, les chambres, appelant Marie. Elle n'y était pas. Il sortit, courut les églises, courut au Père-Lachaise... Rien !
II sortit, courut la ville, courut les églises, courut au Père-Lachaise... Rien !
Savez-vous où il la trouva le lendemain à l'aube ? à la Morgue !... morte... noyée... couchée sur une table de marbre, avec des taches bleues, noires, violettes sur le corps... et morte !
(à suivre.)