L'Aborigène se meurt (circa 1894)

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A l'instar de Remy de Gourmont étudiant les lapons, Elie Reclus, le frère du géographe anarchiste, se consacra aux peuples antichtones.
Ethnographe en chambre, il n'est sans doute pas le plus scientifique des anthropologues, pour autant son texte, publié aux alentours de 1894 par l'éditeur E. Dentu, présente beaucoup d'intérêt.
Sur la foi de son observation des sociétés occidentales, Elie Reclus y donne en effet sa version de la colonisation de l'Australie et l'oppression des aborigènes. L'accusation est sans appel, le style impeccable.

La Civilisation qui a mis nombre de siècles à venir, prononce l'arrêt de mort contre l'Antichtone, parce qu'il ne se civilise pas à première somation. L'aîné de l'espèce humaine n'a plus qu'à mourir, le cadet a hâte d'entrer dans l'héritage. Japhret, l'ambitieux Japhret, découvreur de continents et de pays nouveaux, est doué d'une terrible initiative. Depuis quatre siècles, les routes qu'il se fraie à travers le monde sont jalonnées de squelettes par millions entassés.

Comme le relève Joël Cornuault, l'éditeur-préfacier, on peut rester surpris que les savants ne se sont pas préoccupés avant les années 1970 de cette question relevée dès le XIXe siècle. Et on peut noter, en outre, qu'Elie Reclus donne à son propos des accents qui paraissent bien contemporains.

(...) Paris ne chôme ni d'Apaches, ni d'Aléoutes. Il y a des Papous et des Zoulous dans notre quartier. Aidons à vivre les Khonds et les Andamènes de notre rue.


Ainsi, nous sommes tous des Andamènes !



NB Joël Cornuault consacre par ailleurs ses nouvelles Notes de Phénix à André Hardellet et aux lettres de Breton à sa fille.


Elie Reclus L'Aborigène se meurt. Préface de Joël Cornuault. - Vichy, Librairie La Brèche, 36 pages, 6,90 €

Librairie La Brèche
A la page
5, rue Sornin
03200 Vichy

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