Levrero, toujours Levrero...

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Cette fois-ci je suis entré dans le luna-park pleinement conscient de ce que je faisait et cherchant à dissiper mes tensions. J'ai tiré de mon porte-feuille une somme un peu plus importante que celle que je me permettais habituellement pour ce genre de choses, mais avec le certitude que je ne dépenserais pas un centime de plus que prévu. Pendant un moment, je suis passé d'une machine à l'autre, sans avoir de chance, et j'ai fini par être séduit par l'une d'entre elles, qui m'avait semblé jusqu'alors sans attrait. La passion s'est éveillée brusquement en moi, quand j'ai compris les règles du jeu, qui n'étaient expliquées nulle part — excepté sur une petite notice abîmée, écrite en anglais et fixée à la machine — et qu'il fallait apprendre par la pratique. Le fabricant de la plupart de ces machines s'appelle Gottlieb, et en pensant à cette forme d'apprentissage, j'ai souri quand le jeu de mot a surgi spontanément dans mon esprit : "Pour l'amour de Dieu", et je me suis dit : " Ce jeu est comme la vie."





Mario Levrero Fauna. Traduit de l’espagnol (Uruguay) par Paul Dupuis. Bruxelles, Complexe, 1993, 99 pages, 15 €

Et aussi

Mario Levrero J'en fais mon affaire. Traduit de l’espagnol (Uruguay) par Lise Chapuis. Préface de Diego Vecchio. Couverture illustrée par Nicolas Dumontheuil. Talence, L'Arbre vengeur, 2012, 176 pages, 13 €

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