Sagesse d'Audiberti (III)

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Épuisé pour des raisons que son éditeur aura du mal à justifier, l'un des très grands livres de Jacques Audiberti, Le Maître de Milan contient des pages mirobolantes.
Et mirobolantes à tel point que Jacques Baratier avait prévu d'en faire un film avec, au scénario Yves Martin, lequel Yves, je m'en souviens comme si c'était hier, pestait contre les réveils à 5 heures auxquels le contraignait le réalisateur...
Dans ce livre formidable, on avance de ravissements en ravissements. Faut-il insister ?

Génio, en réalité, n'avait jamais cessé d'être écrivain. Un homme politique, un gouverneur est de toute façon un écrivain. Un écrivain qui parvient à tracer son œuvre dans une matière (l'humanité, les édifices, les cadavres, les hôpitaux) à la fois plus réelle et plus fugitive que la littérature. Mais, trente ans auparavant, Génio, jeune licencié en droit, avait bel et bien publié un livre de vers d'une trentaine de pages. Depuis, la masse compacte de ses discours, de ses rapports, de ses gestes et de ses pas ardents, volontaires et tendus dans l'épaisseur des choses humaines et historiques s'était, non sans beauté ni grandeur, opposée à ce petit fruit. La "littérature debout" (politique, conflits, voyages) lui paraissait mille fois plus valeureuse, plus virtuose que l'autre, la littérature assise, celle des écrivains, des poètes.




Jacques Audiberti Le Maître de Milan (1950). - On trouve d'occasion pléthore d'exemplaires de l'édition Le Livre de Poche de l'excellente année 1967.

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