La Vampire

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Les éditions Otrante ont pris l'habitude - le temps de publier quatre volumes - de dépoussiérer l'univers assez roupilleux du romantisme noir. Depuis plusieurs lustres, les éditions s'étaient raréfiées et leur varifiée figée. Avec Florian Balduc, fini la sieste. Les vampires sortent de leurs terriers, les souris dansent, les succubes se pourlèchent.
Cette fois, c'est un retour sur l'année 1825, "soit onze ans avant Théophile Gautier (que) le baron de Lamothe-Langon met en scène la première morte amoureuse et la première véritable femme vampire de la littérature française."
L'information n'est pas si notoire qu'elle ne puisse être répétée, nous en profitons et nous accaparons le propos de l'éditeur...

Un cadre gothique proche des romans d’Ann Radcliffe, des soldats de retour des campagnes napoléoniennes, un pacte de sang trahi, un château en ruine, des présages, revenants et victimes dont on a aspiré la vie.
Un demi-siècle avant Le Fanu puis Stoker et que la littérature n’invente un vampire suceur de sang aux dents pointues, La vierge de Hongrie présente une immortelle dame au linceul, beauté ensorcelante revenue de la tombe, qui déchaîne les éléments, erre, flotte ou vole, et poursuit la mission qui lui a été confiée en semant la mort. Première œuvre de fiction à mentionner les traditions des pays de l’Est et à décrire les méthodes de destruction d’un vampire, ce roman est sans conteste celui qui offre la description la plus fine et la plus fidèle de la figure du vampire et de la morte amoureuse.


Voilà le topo. On ne voit donc guère comment faire l'impasse sur cette éclatante lumière noire de la littérature gothique. Il faut d'ailleurs ajouter que le baron, bien parti dans le goût funèbre, est aussi l'auteur des Souvenirs d'un fantôme, chroniques d'un cimetière (1838) et des Loups-Cerviers (1839) qui méritent lecture également, à l'évidence.
Pour finir, précisons qu'au roman du baron est adjoint une la traduction inédite de cinq chapitres relatifs aux superstitions transylvaniennes issus de l’ouvrage de l'Ecossaise Emily Gerard (1849-1905), The Land Beyond the Forest: Facts, Figures, and Fancies from Transylvania (New York, Harper & Brothers, 1888). Son livre était un recueil de légendes et croyances de l’Est parmi lesquelles Bram Stoker a notablement plongé au moment de la préparation de son Dracula.

Parfaitement fidèle au mythe de la Morte Fiancée, Lamothe-Langon livre un texte romantique qui devrait séduire les amateurs de littérature fantastique ou gothique, proche des récits de Gautier ou de Nodier et qui préfigure les Carmilla ou autre Dame au linceul de la fin du siècle.

Bref : un must !



Baron de Lamothe-Langon La Vampire, ou la Vierge de Hongrie. Suivi d'un extrait du Pays par-delà la forêt d'Emily Gerard. Traduction de Seamus Wentzel. Edition présentée et annotée par Florian Balduc. Postface de Valery Rion. Janvier 2016. 228 pp. 30 € franco de port

Rappel
Colliers de velours. Parcours d'un récit vampirisé. Anthologie (Washington Irving, Pétrus Borel, Henri de Latouche, Joseph Méry, Paul Lacroix, Alexandre Dumas, Gaston Leroux, etc.). Otrante, 2015, 223 pages, 30 €

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