Le suppléant s'interroge

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On avait promis de vous en dire plus à propos du livre de Fabrizio Puccinelli, Le Suppléant, et on tient notre parole avec plaisir.
A l'heure où le soleil commence à faire chauffer les pierres de notre île, où les consciences s'ensommeillent tout doucement au chant des cigales et au bruissement de soieries déchirées des vagues, qu'il est plaisant de lire des lignes écrites sous les flocons, en pays de neige.
Dans un village de hauteur le professeur suppléant de Puccinelli prend ses fonctions et note durant ses moments de liberté comment la vie l'entoure. Il s'interroge aussi sur son métier, sur le sort des êtres, le sien y compris, avec une humilité et une discrétion exemplaires.

Comment peut être représentée notre vie et la société de notre temps ? Caduques les plus antiques ontologies, pas de nouvelle qui nous satisfasse. Nous pouvons bien nous lancer dans des recherches ou encore dérouler le fil d'un art, mais parfois une question à propos de notre destin, de la signification de notre expérience semble ne pouvoir trouver de réponse.


S'interroge aussi le pédagogue sur la portée du récit et de la littérature. En des pages simples, sans recherche d'effets, lumineuses d'autant plus, à la lumière de la cheminée ou près du poêle, tandis que le froid règne, cet homme de métier nous parle de ce qui nous importe le plus.

Mais depuis lors les enfants on compris ce qu'est un récit. Souvent je m'assieds à côté du poêle et leur raconte des histoires et des contes. Ils sont tous attentifs et déplacent les pupitre de façon à former un cercle autour de moi. Je porte un masque quand je raconte, j'endosse un rôle comme à carnaval on se rêve d'un costume inaccoutumé. Mais eux aussi tour à tour sont les auditeurs des voyages de Sindbad la tête alourdie de turbans, ou les bergers vêtus de peaux qui écoutent les histoires du prince Jean. Aux extrémités de l'enfance ils errent à travers les vastes landes d'où les récits tirèrent leur origine. D'habitude la première rencontre avec le monde des histoires est déjà livresque : les traductions des grands poèmes épiques. Le conte n'est-il pas plus ductile, plus profond, plus enfant et plus proche du récit oral des origines ?


L'été nous offre souvent des moments de paix. Profitons-en pour faire surface.



Fabrizio Puccinelli Le Suppléant. Un hiver à Villalta. Traduit de l'italien par Mark Logoz. - Héros-limite, coll. "Tuta Blu", 110 pages, 16 €

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