Journalistes aussi

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Auteur d'un petit essai consacré aux femmes antiféministes, puisqu'il y en a, Bertrand Matot donne cette fois une Petite Anthologie des Premières journalistes, où il additionne quelques-uns de ces vaillantes reportères, qui, après Olympe (de Gouges), Delphine (de Girardin) et Louise (Michel) participèrent à la grande effervescence de la presse. Au point que le fameux directeur du Paris-Midi, Maurice de Waleffe, se demandait avec un brin de provocation (mais un peu tard) : "La femme doit-elle écrire dans les journaux ?" (Paris-Midi, 26 septembre 1932)
Citer celles qu'a retenues l'anthologiste ne sera pas inutile : voici, stars mêlées aux presque inconnues, Séverine, Marguerite Durand, Jane Misme, Colette, Marcelle Tinayre, Marcelle Capy, Andrée Viollis, Simone Téry, Hélène Gosset, Titaÿna, Louise Weiss, Blanche Vogt, Marise Querlin, Cécile Brunschvicg, Marcelle Auclair, Germaine Beaumont, Geneviève Tabouis, France Roche, Violette Leduc.
Au sujet de ces vaillantes petits soldats de l'Information, les travaux universitaires progressent à grand pas. Depuis une dizaine d'années, chaque saison voir paraître des essais consacrés aux journalistes de la guerre civile espagnole (Anne Mathieu), à Andrée VIollis (Alice-Anne Jeandel et Anne Renoult), à Cécile Brunschvig (Cécile Formaglio)... Ils prouvent avec les rééditions des unes et des autres qu'un pan entier de savoir refait surface, extirpé du papier brûlé des collections de presse des bibliothèques. C'est bon signe, d'autant que le web n'est pas en reste qui est devenu devenu profus en la matière, absorbant hardiment et recrachant tout ce que les livres promeuvent. En rendant grâce à la Marie-Claire de Marguerite Audoux qui donna à Marcelle Auclair un titre solide (Marie-Claire), entendons la brillante Blanche Vogt en reprenant à notre tour ce que Bertrand Matot a trouvé sous la plume de Jane Casanova, collaboratrice de Minerva qui fit parler Vogt en février 1935 :

Toutes les femmes naissent journalistes. Bien avant la radio, elles avaient inventé le journal parlé. Mme de Sévigné n'était qu'une grande chroniqueuse. Pourquoi tant de nobles dames de l'Ancien Régime nous laissèrent-elles leurs mémoires ? C'est pour se consoler de n'avoir pu faire insérer leur petit reportage quotidien dans les journaux. Toutes les jeunes femmes qui ont le journalisme dans la peau finissent par voir leur copie publiée dans une feuille. C'est donc qu'une dame ne doit jamais se décourager quand elle enlève la plume de son chapeau pour la tremper dans l'encrier.



Bertrand Matot Petite Anthologie des Premières Femmes journaliste. - Bordeaux, l'Eveilleur, 226 pages, 17 €

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