Visite à Jean-Marc Lovay

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Sauf à disposer d’une excellente mémoire, on ne sera peut-être pas en mesure de se souvenir quand il a été question ici de Jean-Marc Lovay.

Comme c’est vieux tout ça. (Alphonse Allais).

Et doublement vieux puisque c’est dans un billet évoquant les éditions du toujours sémillant Alfred Eibel, à propos de son extraordinaire Hors commerce (de folie, ajoutent immanquablement les moins de vingt-cinq ans) où il avait réuni en amuse-bouche tous les auteurs de ce qui devait devenir son catalogue d’éditeur (1). Bref, Jean-Marc Lovay en assez bonne place dans cette dinguerie d’Eibel pour que tout un chacun soit amené à rechercher sa lecture.
Partie pas toujours aisée. Tenez, pour lire son grand grand bouquin intitulé Les Régions céréalières (Gallimard, 1976), vous pouvez vous brosser. Totalement désintéressé de la réimpression de ses livres, l’oiseau laisse faire. Il a le genre pêcheur à la ligne. Mais il a aussi le genre baroudeur (lorsqu’il se rendait en Afghanistan, ça n’était pas pour rire...), citoyen tatillon sur la question de son indépendance et écrivain.
C’est ce que la quarante-sixième livraison de la revue Quarto a décidé de souligner en lui consacrant un numéro d’hommage.
Sur la couverture, Jean-Marc Lovay arbore quant à lui un magnifique pull tricoté main et un pantalon de velours. La photographie date des années 1970. Nul besoin de farfouiller dans le fascicule à la recherche de la rubrique « Crédits » pour la dater, la mode parle et ce prosateur unique est aussi peu soucieux des apparences que de la conformité de ses écrits qui ressemblent à la littérature du jour que celle de Cingria ressemblait à la prose de Montherlant.
L'ami de ce pilonneur des lieux communs, Bernard Wallet, fondateur des éditions Verticales et auteur du magnifique Paysage avec palmiers (rééd. Tristram, 2016) donne à ''Quarto’’ le portrait d’un véritable autonome :

« Jean-Marc Lovay est rétif à toute forme d’ordre ou de discipline.
Sa coiffure en est le témoin.

Jean-Marc Lovay ne porte jamais de costume.

Jean-Marc Lovay distille et boit sa propre eau-de-vie.

Jean-Marc Lovay n’habite notre planète que fort irrégulièrement »


Publié par Gallimard d’abord puis par les éditions Zoé, Jean-Marc Lovay attend ses lecteurs sans trop d’impatience. Il sait bien que les grandes œuvres sont indémodables et a souvent une surprise en préparation. Il faudra qu’on y revienne.



Quarto, revue des Archives littéraires suisses
n° 46, mai 2019
Genève, Éditions Slatkine.

(1) Ce Hors commerce (de folie donc) a été réédité par les éditions du Sandre.

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