En marge de Cachées par la forêt : Anne Laurent

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(...)
La tombe
Elle est là avec sa croix de bois cassée, entourée de vieilles assiettes et de pierres blanches, elle se dresse parmi les ordures. Et le soleil d'or, là-haut, qui rit dans un ciel bleu, la regarde avec pitié. Et pourtant elle n'est pas à plaindre. les ordures ont un certain charme et puis... elle est presque jolie avec son sourire fané.

Le village
C'est un tout petit village pareil à une gentille grand'mère qui cache à travers ses cheveux blancs les souvenirs du passé. Il est vieux, tellement vieux. Ses histoires anciennes, semblables à des fantômes, errent dans les rues, sous l forme d'un vieux mur, ou encore sous celle d'un pavé...
(...)
Mort
Je me suis regardée, regardée, bien regardée et je me suis secouée et tout mon grand génie et ma trop grande imbécillité, je les ai mariés au-dedans de moi-même avec mes bras et mes jambes rentrés ; je les ai élevés au centre de mon coeur, devant les yeux noirs de mon esprit pour bien les voir, bien les sentir. Alors, subitement, mon coeur haut et profond de mon génie et de mon imbécillité consciente a fait éclater mon corps encore chaud de mon coeur. Et mon corps est tombé par terre sous la forme d'un gros caillou dont la flamme inconsciente se réfugie au centre. Mon coeur, lui, s'est mis à s'élever dans le ciel sombre en tournoyant toujours plus haut et toujours plus rouge pour enfin se perdre dans l'éther.

Le pot de cuivre
Je me suis retournée; Sur la table de bois, il est là. Un rayon de soleil est entré par la fenêtre et a éclaboussé sur son ventre jaune et brillant un peu de son or : un rire silencieux. (...)




Anne Laurent "La Feuilleraie", Ecrire (dir. Jean Cayrol), n° 5 (Le Seuil, 1958).


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