L'Alamblog

En évoquant hier l'aventure de Virginie Symaniec qui lutte d'arrache-pied avec autant de courage que d'esprit pour ses éditions du Ver à soie, symbole de l'animal de labeur, il nous est venu à l'esprit une comparaison évidente avec le travail du couple formé par Martine et Daniel Delort, de l'Atelier du Gué (éditions), qui publie également la revue Brèves. De méritants bibliopoles, on peut vous l'assurer.
La réception inopinée du nouveau numéro de la revue, le cent-quinzième, excusez du peu, nous offre par un joyeux effet du hasard l'occasion de dire et notre admiration et notre soutien : voilà près de quatre décennies qu'ils oeuvrent tous les deux pour maintenir une idée forte de l'humanité, qu'elle agisse littérairement ou non. Leur revue, qui a accueilli la plupart des écrivains d'aujourd'hui, et souvent avant même les prémices de leur notoriété, mérite un hommage soutenu.
Sachant que vous les croiserez un jour ou l'autre sur un marché ou sur un salon du Livre ou d'autre chose, n'hésitez pas à leur lancer un sourire ou une bonne parole, ils sont accortes et accueillants. Mieux, achetez un numéro de la revue, le dernier par exemple, ou l'un de leurs excellents livres, ils ne ressemblent pas à ce que l'industrie vous sert dans ses réseaux habituels.
La nouvelle livraison de Brèves se déclare comme suit : "Voici un monde en mouvement, celui des adolescents en devenir, celui de ceux qui marchent, celui de ceux qui vont ailleurs, qui attendent, parfois fugitifs et furtifs. Un univers sans certitude, où l’on se trompe, où l’on s’égare et parfois se retrouve. Une humanité qui divague, grotesque et magnifique, qui vadrouille et rôde, vagabonde et heureuse... Paumée mais libre de cracher à la gueule des puissants. Quelle énergie dans ce numéro ! Quelle tendresse des nouvellistes pour leurs héros tout cabossés... On en sort tout ragaillardi."
Vous pourrez y lire des nouvelles inédites de Dominique Fabre, feu Michel Baglin (1950-2019), Anne de Margerie, Myriam Linguanotto, Alain Emery, Roseline Villaumé (qui n'est pas Cécile, auraient-elles un rapport ?), Daniel Juré, Jean Pézennec, Saïd Mohamed, Jean-Marie Alfroy, Charles-Louis Auré et deux nouvelles repêchées d'autrefois signées Maurice Fickelson et Georges Maurevert. Et le tout est mis en valeur par les superbes photographies de Daniel Kermann.


Brèves, n° 115, 160 pages, 18 euros