On ferme !

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On vous avait promis des nouvelles de la maison Quidam, et nous tenons parole. Mais L'Helvezia ferme et l'on doit faire avec...
Plus d'Helvezia.
Fini.
Seuls les lecteurs d'Arno Camenisch ne s'en plaindront pas.
Les habitués en revanche passent y prendre un dernier verre. Et ils éclusent comme des outres, remplacent les demis par les demis et les piccolos par les piccolos, ou bien les cafés arrosés par l'arrosage des cafés. Ce sont des buveurs très sérieux, méthodiques. Ce sont aussi de fervents raconteurs qui connaissent tout et tous de leur environnement pas triste du tout. On sait s'amuser dans les Alpes, on y vit, on y meurt, on y déconne aussi.
Leurs vertus narratrices ont-elles à voir avec l'alcool ? Il faut admettre qu'ils ont une sacrée dalle en pente et la langue bien pendue la Tante, la grand-mère qui semble avoir à chaque instant perdu le mort du jour, l'Otto mytho, le Luis, le Gian poéticus et tous les autres habitants des alpages qui, parfois, débaroulent de leurs nuages pour en raconter une bien bonne. Celle-ci lancée à la volée et en version panoramique. Tout le monde en prend pour son grade, à tour de rôle, et l'on rit puisque c'est terriblement drôle - et, partant, humain, voire métaphysique, souvent touchant puisque, à la fin, on y meurt.
Ne sont-ce pas des Parques, des fois, ces buveurs ? On peine à croire qu'ils ne sont que les chroniqueurs et les mauvaises langues d'un petit peuple d'humbles et de vieux...

La pluie révèle la vraie beauté des gens, dit la Silvia en allumant une Select.

Et tandis que le Gian poéticus, alzheimer en chef, réclame le Dr Barclamiu - qui n'est sans doute que Bardamu -, Arno Camenish prouve qu'il aime raconter des histoires. Ce jeune homme de Suisse alémanique semble même incarner un retour à quelque chose qui ressemble fort à la fantaisie helvétique d'un Charles-Albert Cingria.
Ce dernier nous racontait comment deux cyclistes, de nuit, se percutaient au bas d'une pente. Arno Camenisch nous conte, lui, comment les rochers dévalent de la montagne. Nous voilà toujours ramené à la gravité universelle. Qui n'est pas grave, contrairement à ce que l'on pourrait croire : c'est ici une autre Compagnie des zincs (François Caradec) qui se livre et épate les souriants lecteurs que nous sommes (1).

Ouais de temps en temps tu rapportes un cerf à la maison et tu le déposes sur la table de la cuisine, y a pas besoin de mots, dit le Luis, c'est bien assez d'amour.

L'Helvezia ferme mais qu'est-ce qu'on rit ! (2)


Arno Camenisch Ustrinkata Traduit de l'allemand (Suisse) par Camille Luscher. - Quidam, 106 pages, 13 €



(1) Rien à voir avec les Brèves de comptoir, comme on le devine.
(2) On peut prédire un succès tapé à toute troupe de comédiens qui incarneraient Luis, Otto, la Grand-mère et le reste de la clientèle. Autre chose encore : puisque vous êtes de sympathiques alamblogonautes vous aurez droit sous peu à la suite des nouveautés du sieur Camenisch, vaillant amuseur, auteur chez le même éditeur d'un deuxième opus traduit. Deux verres sinon rien.

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