Un petit aigle et un petit dragon s'aimaient d'amour tendre

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Tant qu'à faire des choses utiles et intéressantes, une fois le Monde diplomatique refermé, il n'y a guère d'alternative à un bon livre ou à un bon film.
Et puisque tout évoque ce que pourrait être une toute petite fin du monde catarrheuse, si ce n'est cacochyme, il ne tombera pas dans l'oeil d'un cyclope que la parution du nouveau livre de Jean-Michel Valantin s'inscrit parfaitement dans le panorama.
Alors qu'on ne parle que de Wuhan en se frottant mutuellement les semelles - l'humanité a un don manifeste pour faire le clown durant les moments graves, et c'est assez réconfortant - Valantin, qui est un géopoliticien spécialisé dans les questions stratégiques et environnementales, nous parle de la nouvelle Route de la Soie et de ses conséquences.
On sait, pour avoir lu Guerre et nature, l'Amérique se prépare à la guerre du climat (Prisma, 2013) et Géopolitique d'une planète déréglée (2017. Le Seuil), que les choses évoluent vite sur le front industriel et géopolitique. En s'interrogeant à la fois sur les mouvements tactiques et stratégiques de la Chine et des Etats-Unis autant que sur les conditions écologiques de leur action, il met en évidence l'interdépendance des deux empires. Ces deux-là, principal moteur de la crise écologiques globale (45 % des effets de serre à eux deux, sans parler des ravages sur leurs propres territoires ou ceux d'Etats soumis ou acquis par morceaux), exercent une si formidable pression sur la Terre et la biodiversité, ainsi que sur les ressources naturelles que l'on ne peut que craindre le moment où, luttant encore et encore, ils en viennent à monter d'un cran encore leurs exigences et leurs effets néfastes.
Pour autant, l'analyse de Jean-Michel Valantin dont les détails ne sont pas très réjouissants, laisse une remarque en suspens - et c'est là que l'on entre ou dans la SF ou dans le récit angoissant : ne serait-ce que pour garantir leurs propres survies, ces deux géants ne vont-ils pas être contraints par les seuls faits et l'autodestruction des Etats qu'ils entraîneraient à brève échéance de modifier ce qui doit l'être ? On ne vous en dit pas plus, on ne voudrait pas vous gâcher la fin, non plus que les nombreuses surprises interludes...


Jean-Michel Valantin L'Aigle, le dragon et la crise planétaire. - Paris, Le Seuil, "Anthropocène", 368 pages, 22 €

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