On éprouve toujours ici sur notre île un plaisir profond à la découverte de nouveaux vers de Petr Král, poète tchéco-français maintes fois lauréé néanmoins persistant sur sa voie.
Avec Déploiement, qui s’illustre par une prime évocation des volutes blanches d’un cigare en brasserie — souvenir d’un autrefois interdit, c’est à craindre — il nous autorise l’élargissement, le déplacement, les manifs, les fesses nues des bouchères dans la farine des plages (« ça valait bien la peine » ironise-t-il), la ville et ses agences bancaires, et il nous autorise également l’arrivée.
Un très beau recueil du « piéton métaphysique », un recueil roboratif et varié, plein d’une énergie et d’une fantaisie qui donnent à la lumière du jour une allure bien plus sympathique. Ce vif objet, nous nous permettrons de le citer à nouveau bientôt.
L’Avancée
Ferraillaient fort ferraillaient
au soleil les cuivres des branches
et des tiges
résonnaient fermes dans le couloir
des pas toujours plus proches
avant de se taire à notre porte
Les noms Swift Hawkins Chadwich durcissaient le paysage
Ce qu’en marchant on apercevait
sur les côtés y demeure toujours
Petr Král Déploiement. — Caen, Lurlure, 80 pages, 15 €