Odyssée d'Australiens

CookKennethTroupe.jpg



On nous avait enjoint de ne jamais nous divertir des difficultés d’autrui. Mais c’était avant de nous laisser découvrir la littérature. Et la littérature anglo-saxonne en particulier.
Naturellement, après avoir dégusté Trois hommes dans un bateau, sans compter le chien, et quelques autres chefs-d’oeuvre du genre comme L’Ascension du Kili-Kili, il ne nous est plus possible de ne pas nous esclaffer lorsque l’aventurier plus ou moins éprouvé nous raconte le sourire aux lèvres ses avanies successives.
Et s’il s’en amuse lui-même, ne nous autorise-t-il pas à nous en rire nous-même avec lui ? Souvent, à cet échange respectable de bonne humeur, la littérature n’en prend qu’un goût meilleur. En contre-exemple, ne connait-on pas tant de prétendus voyageurs qui font des phrases raseuses du haut de leur tabouret de respectabilité ? Et nous ne visons ici aucun noircisseur de papier francophone. (1)
A ceux qui n’auraient jamais eu l’occasion de croiser Kenneth Cook (1929-1987), romancier australien à la vaste bibliographie, annonçons d’abord qu’il avait pour profession d’élever des papillons. Cela pose un homme. Mais l’on ignore où. Kenneth Cook est aussi l’auteur d’Outback, un roman noir de bonne eau, et d’une foule de livres, de nouvelles, où il est question de marsupiaux, de wombats et de koalas. Le bush est son territoire, le catalogue des éditions Autrement en a été tout ensablé depuis plusieurs lustres. On peut parier que les aventures européenes de la famille Cook entre fleuves, rives contrebandières et guichets de banque devraient lui attirer quelques fureteurs fermement appâtés. Ce livre délicieux et vite lu est de ceux qui rendent un auteur aimable, en particulier lorsqu’il a connu — et nous en fait les témoins — « la pauvreté, les maladies, les naufrages (deux), la bureaucratie de pays étrangers, les chauffeurs de taxi londoniens, les poursuites policières, la prison et des accidents en tous genres ».
Cause première de l’aventure familiale : l’ennui. Les conséquences ? tout un tas de maladies depuis la rougeole jusqu’à la dysenterie et la tuberculose — tout ça en un an ! — pour quatre enfants de deux à neuf ans et leurs deux parents...

Plus que n’importe qui ou n’importe quoi d’autre, les banquiers m’ont systématiquement empoisonné la vie. Il s ne résistent jamais à la tentation de me prêter de l’argent. Au fil des ans, j’ai monté tout un tas de combines, toutes hasardeuses, toutes vouées à l’échec de manière congénitale, toutes requérant des financements élevés. Pour des raisons obscures, mon banquier du moment m’octroie toujours la somme requises et les conséquences du rpêt en question ne manquent jamais d’être désastreuses. (...) C’est regrettable, car c’est précisément mon capital de sympathie auprès des banquiers qui nous a menés, moi et tous les membres de ma famille, à l’article de la mort au beau milieu de l’océan Indien, mon seul espoir étant alors que nous trépassions rapidement. »

Le titre original du livre est ''Blood Red Roses’’ (1963), ce qui, de l’avis du Préfet maritime est assez loin du titre retenu par l’éditeur français. Sa couleur lui semblait digne d’être rappelée ici : péripéties, les voilà !
Visons l’efficacité et synthétisons : Une lecture d’été parfaite pour épisode de chaleur (2).


Kenneth Cook En route, mauvaise troupe ! Traduit de l’australien par Mireille Vignol. — Paris, Autrement, 384 pages, 24,!à €


(1) Assertion parfaitement mensongère.
(2) Et une immense interrogation : pourquoi si peu d’auteurs français sont-ils nimbés de cette humeur délectable ?

Ajouter un commentaire

Le code HTML est affiché comme du texte et les adresses web sont automatiquement transformées.

Ajouter un rétrolien

URL de rétrolien : http://www.alamblog.com/index.php?trackback/4397

Haut de page