L'exposition Louise Hervieu de 1924

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Louise Hervieu
— C'est une fille de Rops !
— C'est l'enfer-bourgeois !
— C'est tout Baudelaire !
S'il faut en croire Mme Gabrielle Réval, c'est par ces propos que fut accueillie la première exposition chez Bernheim de ces sensationnelles illustrations des Fleurs du Mal par laquelle s'est révélée Mme Louise Hervieu. Elles ont, en effet, ces illustrations, la beauté farouche, un peu tourmentée, des magnifiques poèmes de Baudelaire. C'est beaucoup dire - mais on peut et on doit le dire - elles ne leur sont pas inférieures.
Les critiques de Mme Louise Hervieu prétendent justement qu' « elle sculpte ses croquis à coups de fusain ».
Cette expression est encore insuffisante, il me semble, pour indiquer la puissance d'un art féminin qui fait songer à celui des maîtres les plus virils et qui s'inscrit avec les traits les plus appuyés d'un Daumier stigmatisant les mœurs de notre époque.
Nous devons à Félix Fénéon, qui découvrit Mme Louise Hervieu, la révélation d'un des plus authentiques génies de ce temps. Je n'emploie certains mots qu'avec quelque circonspection, mais j'écris hardiment génie cette fois, car, en effet, l'art de Mme Louise Hervieu est absolument inclassable. Il est, d'abord et avant tout, le cri spontané d'une âme souffrante qui éprouve le besoin de se délivrer. Derrière l'admirable métier, pas le plus petit truc. Cette artiste est de la grande école de « l'art pour la vie » et dans ses Entretiens sur le Dessin elle apprend simplement à regarder les êtres et les choses avec amour. C'est l'intensité même de cet amour, que l'on éprouve le besoin de faire partager, qui crée l'artiste.
Il ne faut dessiner que ce qu'on comprend et ce qu'on aime. Mais il faut s'efforcer de tout comprendre pour tout aimer, puisque toute chose est aimable... » a-t-elle écrit.
Car Mme Louise Hervieu n'est pas seulement visionnaire et évocatrice dans ses dessins. Ce n'est pas uniquement par les inoubliables illustrations des Fleurs du Mal, des Poèmes en Prose (ces derniers baptisés Le Spleen de Paris) et l'Album des vingt nus qu'elle s'est révélée poète. C'est encore par sa prose, fluide et chantante comme une eau vive qui, dans l'Ame du Cirque, atteint sa plus haute intensité d'expression.
Gabriel Reuillard.

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